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"Je ne parle qu'aux gens sobres": la pique de Salvini à Juncker

Jean-Claude Juncker mardi au Parlement européen de Strasbourg.

Jean-Claude Juncker mardi au Parlement européen de Strasbourg. - FREDERICK FLORIN / AFP

Les tensions entre Rome et Bruxelles sont décidément loin d'être apaisées. Une petite phrase lancée par Jean-Claude Juncker sur le projet de budget italien a visiblement déplu à Matteo Salvini.

"Je ne parle qu'avec des gens sobres qui ne font pas de comparaisons qui ne tiennent pas la route", a sèchement lancé mardi le vice-président italien Matteo Salvini à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, sur une chaîne de télévision italienne.

"Il devrait boire deux verres d'eau avant d'ouvrir la bouche, et arrêter de répandre des menaces non-existantes" a encore poursuivi le président du parti eurosceptique d'extrême droite, La Ligue.

"Je ne veux pas de nouvelle crise grecque en Italie"

A l'origine de ce différend, une petite phrase lancée lundi par Jean-Claude Juncker. Le Luxembourgeois avait réprouvé et jugé "hors des clous" le projet de budget italien présenté par Matteo Salvini, qui prévoyait un déficit de 2,4% du PIB pour les trois années à venir, au lieu des 1,6% envisagés. A demi-mots, il a même évoqué une possible indemnisation.

"Je ne voudrais pas qu’après avoir géré la très difficile crise grecque, nous nous retrouvions dans une nouvelle crise, cette fois-ci en Italie", s'était plaint Jean-Claude Juncker la veille.

Une phrase perçue comme une menace par Matteo Salvini, qui accuse la Commission européenne d'essayer de déstabiliser l'Italie en inquiétant les investisseurs.

Ces derniers jours, le spread, soit l'écart entre les taux d'emprunt italien et allemand à dix ans, a fortement grimpé pour dépasser mardi soir les 300 points (contre 233 mercredi), une preuve de la nervosité des marchés vis-à-vis de l'Italie. 

La Commission européenne devra examiner ce projet à partir du 15 octobre. Mardi soir, le chef du gouvernement Giuseppe Conte avait déjà tenté de rassurer les marchés en promettant d'accélérer la réduction de la dette publique du pays, qui représente aujourd'hui 131% de son PIB. 

Des images montrant le président de la Commission européenne chancelant lors d'un sommet de l'OTAN avaient déjà suscité des questions sur sa consommation d'alcool. Des accusations niées par Jean-Claude Juncker lui-même, qui avait évoqué des douleurs liées à une sciatique.

Jeanne Bulant