Le retour de Berlusconi : quelle stratégie pour le Cavaliere?

Silvio Berlusconi en avril 2011 sur l'île de Lampedusa, en Italie. - -
La crise politique fait rage en Italie. Samedi, Le Parti du peuple et de la liberté de Silvio Berlusconi (PDL), a annoncé que son parti cessait de soutenir le Premier ministre Mario Monti.
Celui-ci, furieux, a immédiatement confié sa démission au président italien et dit ne pas avoir encore décidé s'il sera candidat aux élections législatives de 2013. Silvio Berlusconi, lui, n'a pas attendu longtemps : retraité depuis novembre 2011 mais toujours député, il a annoncé sa candidature samedi. Et pour reconquérir son électorat, le Cavaliere a une stratégie en quatre points. Explications.
• Un nouveau parti ?
Frasques judiciaires, scandales de corruption et ligne politique souvent trouble, le parti du peuple et de la liberté (PDL) de Berlusconi a souffert de l’attitude de son ancien chef. Il est aujourd’hui crédité de 15% des voix contre 37,4% en 2008.
Quant à la Ligue du Nord, ex-alliée de Berlusconi ébranlée par les scandales politico-financiers de son fondateur Umberto Bossi, pas sûr qu’elle ait envie de renouer d’anciennes amitiés parfois dangereuses. L’image de Berlusconi est devenue encombrante. Les deux partis doivent se réunir et se rencontrer dimanche prochain, et voir s'ils trouvent un accord pour soutenir le même candidat. Faute d'accord, la solution pour Berlusconi pourrait résider dans un nouveau parti. Mais cela suffira-t-il ?
• L’Europe comme cible
C’est sur l’anti-européanisme que compte Silvio Berlusconi pour mener sa campagne. Une campagne contre l’austérité, incarnée par la chancelière allemande Angela Merkel. En annonçant qu’il replongeait dans l’arène politique, Silvio Berlusconi a d’ailleurs expliqué qu’il ne pouvait laisser le pays dans le "désespoir" causé par "la politique des techniciens et de l’austérité germano-centrée".
Mais Berlusconi a aussi un problème personnel à régler avec l’Europe : c’est notamment sous la pression de la BCE et des institutions européennes qu’il a dû partir, la situation économique de l’Italie devenant de plus en plus critique. Autant dire que le Cavaliere a une revanche à prendre. En pleine période d’austérité européenne, son discours pourrait être entendu par plus d’un Italien... Et faire de la campagne italienne une campagne européenne.
• L’argent comme moteur
Silvio Berlusconi revient en lice, et peut se le permettre. En mars 2012, il était classé 169e sur la liste des milliardaires dressée par Forbes, et 21e sur celle des gens les plus puissants du monde, avec un patrimoine de 5,9 milliards d’euros.
Le Cavaliere est, entre autres, propriétaire du club de foot du Milan AC et de MediaSet, le plus grand consortium médiatique italien. Il contrôle ainsi un grand nombre de journaux et de chaînes de télévision – qui affichent déjà leur soutien au nouveau candidat, dénonçant "l’acharnement des magistrats" contre lui. Rien de tel pour reconquérir un électorat déçu et frappé par la crise. Notamment quand on peut investir dans une campagne électorale.
• Eviter la justice
Si Berlusconi retourne à la politique, c’est aussi pour éviter la justice. Car s’il a déjà de nombreuses condamnations derrière lui, certaines le menacent encore. Il fait actuellement l'objet de trois procès - pour évasion fiscale, corruption, abus de pouvoir et relations sexuelles rétribuées avec une mineure - et peut donc difficilement se passer de son immunité parlementaire.
Pourtant, même protégé de ses frasques, celles-ci pourraient plomber son avenir politique. Les Italiens comment à connaître Berlusconi, et pourraient montrer leur lassitude... Dans les urnes.