En plein Fertility Day, le gouvernement italien s'enfonce un peu plus dans la polémique

Malgré la suspension de sa campagne ratée, l'Italie fête ce 22 septembre le Fertility Day (photo d'illustration). - MARCO BERTORELLO / AFP
En Italie, la "Journée de la fertilité", initiée par le ministère de la Santé et organisée ce jeudi, suscite polémique sur polémique. Il y a d'abord eu cette campagne nationale, jugée à la fois sexiste et rétrograde. "La beauté n'a pas d'âge, la fertilité si", disait par exemple une affiche montrant une femme tenant un sablier dans la main, et se tenant le ventre de l'autre. "Bouge-toi, n'attends pas la cigogne!", disait une autre, avec une photo du célèbre volatile en toile de fond.
Détournée sur les réseaux sociaux, la campagne a aussi été dénoncée par une grande partie de la gauche - Matteo Renzi s'en est lui-même étonné, affirmant qu'aucun de ses amis n'avait fait d'enfant grâce à une affiche - et par plusieurs intellectuels, comme l'écrivain Roberto Saviano, auteur du best-seller Gomorra et habitué des coups de gueule.
La promesse d'une nouvelle campagne
Pour faire taire les critiques, la ministre de la Santé, Beatrice Lorenzin, a suspendu la campagne, malgré le maintien de l'événement, qui se tient dans plusieurs grandes villes d'Italie.
"La campagne ne plaît pas? Nous en faisons une nouvelle", a lancé la ministre sur Twitter. Le Fertility Day est plus que deux affiches, c'est de la prévention, c'est la santé des Italiens", s'était-elle justifiée, début septembre.
Des personnes noires pour illustrer les "mauvais compagnons"
Oui mais voilà, les nouvelles affiches ne plaisent pas plus que les autres. Et pour raviver une polémique à peine éteinte, il y a désormais un fascicule jugé raciste. Consacrés aux "styles de vie correctes" capables d'améliorer la fertilité des couples, ils opposent les "bonnes habitudes à promouvoir", aux "mauvais compagnons" dont il faut se défaire.
Les photos illustrant ces deux "camps" sont des photos prétextes de banque d'image, mais particulièrement mal choisies: la photo illustrant les "bonnes habitudes" montre des gens blancs, bruns ou blonds et souriants. Celle illustrant les "mauvais compagnons" met en scène des deux personnes blanches et deux personnes noires, dont l'une avec une coupe afro, fumant et se droguant.
"Dans le monde magique du Fertility Day, les bonnes habitudes sont blondes et, disons-le, aryennes. Les mauvaises en revanche... Devinez un peu?", ironise un internaute sur Twitter.
Face à ce nouveau tollé, largement relayé cette fois encore sur les réseaux sociaux, la ministre a annoncé le retrait des fascicules et l'ouverture d'une enquête interne, rapporte l'agence de presse Ansa. "Quelqu'un a décidé de saboter le ministère de la Santé", a réagi un journaliste sur Facebook.
Un échec d'autant plus cuisant pour le gouvernement que la réalité du problème de la fertilité en Italie n'est plus à prouver. D'après les chiffres de l'INED (Institut national d'études démographiques), le nombre moyen d'enfants par femme en Italie est de 1,3 (il était de 1,6 en 1980), contre 2 en France. Et comme le rappelle le ministère de la Santé, les couples infertiles représentent dans le pays environ 20% des nouvelles unions.