En Italie, la "journée de la fertilité" du gouvernement agace

La campagne du gouvernement italien contre la chute de la natalité passe très mal. Accusée de sexisme, de paternalisme ou d'ignorance, elle sera finalement revue.

En lançant la "journée de la fertilité", le gouvernement italien ne s'attendait sans doute pas à recevoir tant de critiques. Cette campagne, pilotée par le ministère de la Santé, repose sur des affiches mettant en avant le rôle des femmes dans la conception des enfants. Elle fait partie d'un plan national pour la fertilité, qui prévoit aussi de doubler les aides financières pour un premier enfant.

Les slogans, accusés notamment de sexisme, ont provoqué de nombreuses critiques, parfois humoristiques, sur les réseaux sociaux.

Sexisme et paternalisme

"La beauté n'a pas d'âge, la fertilité, si", accompagné d'une photo de femme tendant un sablier et se touchant le ventre. Ou encore "Jeunes parents. Le meilleur moyen d'être créatif", illustré par deux paires de pieds sous une couette... Les messages de la campagne passent mal chez les Italiens.

Pour cette syndicaliste, le gouvernement se trompe quand il appelle les couples à faire un effort : "Un Etat paternaliste et moralisateur qui au lieu de soutenir la filiation chez les couples, les réprimande". 

Ce journaliste fait remarquer que cette campagne est une "insulte à tous ceux qui ne peuvent pas procréer et à ceux qui le veulent mais qui n'ont pas de travail".

Si le gouvernement veut lutter contre la baisse de la natalité, il ne prend pas en compte une donnée essentielle : celle du niveau de vie des jeunes italiens et italiennes. Le député écologiste Franco Bordo regrette d'ailleurs que le gouvernement face "une propagande honteuse" plutôt que de penser "à éliminer la précarité".

Partout en Europe, le taux de fécondité baisse mais l'Italie est particulièrement touchée. En 2015, 500.000 naissances ont été recensées et le taux de fécondité est l'un des plus bas du monde avec 1,43 enfant par femme (en France, ce taux est de 2,08 enfants par femmes). Comme le faisait remarquer le journal Les Echos, la population a même diminué en 2015, pour la première fois depuis 1919. 

Le ministère de la Santé a fait marche arrière face à ces critiques. La ministre Beatrice Lorenzin assure que le gouvernement va lancer une nouvelle campagne. 

Matteo Renzi a même affirmé qu'il ne comprenait pas cette campagne. "Je n'ai aucun ami qui ferait un enfant parce qu'il a vu cette affiche", a affirmé le président du conseil. Ajoutant : "Nous devons nous concentrer sur les causes structurelles".

M.L.