Mort de Berlusconi: en dépit de relations tendues, l'hommage de Meloni à un "battant"

La présidente du Conseil des ministres s'est fendue d'un hommage à son prédécesseur mort des suites d'une leucémie. "Silvio Berlusconi était avant tout un battant", a jugé la dirigeante italienne. Les relations entre ces deux figures de la droite avaient été sous très haute tension ces derniers mois.

La patronne du gouvernement italien Giorgia Meloni a rendu hommage son allié gouvernemental Silvio Berlusconi, mort lundi à 86 ans. L'ancien dirigeant était "l'un des hommes les plus influents de l'histoire de l'Italie".

"Silvio Berlusconi était avant tout un battant. C'était un homme qui n'avait pas peur de défendre ses convictions et c'est précisément son courage et sa détermination qui ont fait de lui l'un des hommes les plus influents de l'histoire de l'Italie", a-t-elle déclaré dans une vidéo envoyée par son cabinet.

En conflit ouvert avec Berlusconi sur l'Ukraine

Si l'hommage se veut très sobre, c'est que l'image internationale de Giorgia Meloni avait été très endommagée quelques mois après son arrivée au pouvoir par les propos de Silvio Berlusconi.

En février dernier, en pleine offensive médiatique de la présidente du Conseil pour convaincre que l'Italie était le pays le plus pro-Ukraine de toute l'Union européenne après un an de conflit, le Cavaliere avait vivement critiqué Volodymyr Zelenski.

"Il suffisait qu’il arrête d’attaquer les deux républiques autonomes du Donbass et rien de cela ne serait arrivé. Donc, je juge très, très négativement le comportement de ce monsieur ", avait expliqué l'ancien président du Conseil italien, dont le parti est membre de la coalition gouvernementale.

Ses déclarations avaient fait l'effet d'une bombe à Rome, un an pile après le début de la guerre en Ukraine. D'autant plus que, faute d'une majorité large aux législatives, l'Italienne ne peut pas se passer de Forza Italia, le parti fondé par Silvio Berlusconi, à ses côtés.

Rétropédalage d'un proche

L'ex-dirigeant avait encore expliqué que s’il avait été à la place de la dirigeante, il n’aurait même pas daigné parler au président ukrainien. Et pour cause: Silvio Berlusconi n'a jamais caché sa grande proximité amicale avec Vladimir Poutine.

La déclaration n'avait guère été appréciée par la présidente du Conseil italien, contraignant son ministre des affaires étrangères, un proche de Silvio Berlusconi, à tempérer ces propos.

Devant l'Assemblée générale de l'ONU, l'élu avait réaffirmé que "Forza Italia, et aussi Monsieur Berlusconi, avaient chaque fois voté contre la Russie et en faveur de l’Ukraine", depuis le début du conflit.

Applanir les relations avec Bruxelles

Pas question pour Giorgia Meloni de remettre en cause ses relations avec l'Union européenne. Élue pour succéder à Mario Draghi, très proche de la commission européenne, le parcours de cette figure de l'extrême droite et grande admiratrice de Benito Mussolini, était regardé avec circonspection à Bruxelles.

Depuis, Giorgia Meloni s'astreint à rassurer la Commission européenne, qui devrait verser près de 200 milliards d'euros au pays par le biais du plan de relance européen.

L'un des autres alliés de la coalition, le patron de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, s'est fendu, lui, d'un hommage très appuyé.

"Vous avez tant fait pour l'Italie et pour les Italiens, vous laissez un vide difficile à combler, à partir d'aujourd'hui nous consacrerons tous nos efforts et tous nos efforts pour continuer les mille routes que vous avez d'abord vues et tracées", a écrit le vice-président du Conseil des ministres, très apprécié de Marine Le Pen.

Marie-Pierre Bourgeois