Espagne: la fille du roi devant la justice pour fraude fiscale

La fille du roi d'Espagne, l'infante Cristina le 13 septembre 2011 à Washington - -
Une audition cruciale pour la monarchie espagnole. La fille du roi d'Espagne, l'infante Cristina, sera entendue samedi par un juge des Baléares qui l'a inculpée de fraude fiscale, dans le cadre d'une enquête ouverte ouverte en 2010.
Une mise en examen qui est tombée comme une bombe: longtemps ultra-protégée, aujourd'hui assaillie par les scandales, le royaume découvre qu'il n'est plus intouchable.
La plus jeune fille du roi devra ainsi expliquer si elle a coopéré avec les faits reprochés à son époux, Iñaki Urdangarin, un ancien médaillé olympique de handball soupçonné de détournement de fonds publics.
Vers une abdication du roi Juan Carlos?
Si "l'affaire Urdangarin" a amorcé il y a deux ans une chute catastrophique de son image, le scandale est venu aussi en 2012 d'une coûteuse escapade au Botswana, pour une chasse à l'éléphant qui a choqué une Espagne meurtrie par la crise.
Ni les excuses alors adressées au pays, ni la mise à l'écart de Cristina et son époux de l'agenda officiel n'ont enrayé la tendance: le tabou est aujourd'hui levé en Espagne sur une possible abdication du roi Juan Carlos au profit du prince Felipe, qui incarne à 46 ans l'espoir de la monarchie.
Au fil des mois, l'enquête a resserré son étau autour de l'infante. Dès le printemps 2013, une première mise en examen avait été annulée à la demande du Parquet.
Le magistrat s'est alors orienté, toujours contre l'avis du procureur, vers des soupçons de fraude fiscale et blanchiment de capitaux. L'infante aurait puisé pour ses dépenses personnelles dans les caisses de la société Aizoon, qu'elle détient à 50% avec son époux et qui auraient été alimentées par de l'argent public détourné par ce dernier.
Des dépenses personnelles somptuaires
Iñaki Urdangarin, 46 ans, est accusé d'avoir détourné au total, avec son ex-associé, 6,1 millions d'euros de fonds publics. Passée au crible par le magistrat, la comptabilité de Aizoon fait apparaître, à partir de 2004, des dépenses consacrées à la rénovation de la villa familiale, pour 436.703,87 euros, ou d'autres, privées, pour 262.120,87 euros.
Le juge dresse un volumineux inventaire des dépenses personnelles facturées à Aizoon, certaines anecdotiques. Comme "un cours de salsa et de merengue dispensé au domicile familial", "un cocktail pour 81 personnes semble-t-il pour fêter la naissance de l'une des filles du couple"...
Ces fêtes avaient pour cadre la villa achetée par Cristina et son mari en 2004 dans le quartier chic de Pedralbes à Barcelone, mise en vente en 2013 pour 9,8 millions d'euros.
Après cette audition, le juge Castro devrait rapidement clore l'instruction: il aura alors toutes les cartes en main pour décider si "l'affaire Noos", du nom de la fondation à but non lucratif présidée entre 2004 et 2006 par Iñaki Urdangarin, débouche ou non sur un procès.