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Espagne

Espagne: devant le Parlement, Rajoy joue son va-tout

Le gouvernement de Mariano Rajoy est entaché par un scandale de corruption. Mariano Rajoy va s'en expliquer ce jeudi devant le Parlement.

Le gouvernement de Mariano Rajoy est entaché par un scandale de corruption. Mariano Rajoy va s'en expliquer ce jeudi devant le Parlement. - -

Sous forte pression politique depuis que son nom est apparu dans un scandale de corruption présumée, l'affaire Barcenas, le chef du gouvernement de droite espagnol Mariano Rajoy va finalement donner des explications au pays jeudi, lors d'une intervention devant les députés.

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy va enfin s'expliquer devant les députés ce jeudi, alors que sa situation politique mise à mal par des soupçons de corruption dans l'affaire Barcenas, devient de plus en plus intenable.

La gauche voudrait voir le chef du Parti populaire démissionner. Lui bien sûr, ne l'entend pas ainsi et va, tout en donnant sa version du scandale, défendre sa politique en s'appuyant sur l'amorce d'une embellie économique que connaît le pays. Une baisse du chômage au deuxième trimestre, passé de 27,16% à 26,26%, et un ralentissement du repli de l'économie, ont été constatés.

> De quoi est soupçonné Rajoy?

Le scandale, du nom de Luis Barcenas, intendant puis trésorier de 1990 à 2009 du Parti populaire, présidé par Mariano Rajoy depuis 2004, avait éclaté en janvier avec la publication dans la presse de documents révélant une présumée comptabilité parallèle au sein du parti. Le nom de Mariano Rajoy apparaissait pour la première fois le 31 janvier dans des notes publiées par El Pais, devenues célèbres sous le nom des "notes de Barcenas".

Selon ces documents, le chef du gouvernement aurait perçu, entre 1997 et 2008, "des paiements pour un montant total de 25.200 euros par an" provenant de dons de chefs d'entreprises privées. Le journal El Mundo a calculé récemment que c'est une somme totale de "343.700 euros" que l'ex-trésorier aurait destinée à Mariano Rajoy durant une vingtaine d'années.

> Quelle est sa ligne de défense?

Elle pourrait se résumer en "pas vu, pas pris". Jamais, depuis que le scandale a éclaté, le chef du gouvernement, au pouvoir depuis la fin 2011, n'a donné d'explications au pays même s'il avait, dès février, nié avoir touché de l'argent au noir.

Mais face aux soupçons qui se sont installés, au mécontentement d'une partie de l'opinion publique et aux pressions politiques, la stratégie semble avoir changé. "J'ai compris que face aux doutes que peuvent avoir de nombreux citoyens espagnols, il est bon que je m'adresse au Parlement", annonçait-il le 22 juillet, en promettant que ces explications, au-delà du seul cadre de "l'affaire Barcenas", porteront "sur la situation économique que vit le pays".

> Existe-t-il des preuves?

Des SMS émanant de Barcenas et le témoignage de ce dernier constituent des éléments très gênants pour le chef du gouvernement.

Le 14 juillet, le journal El Mundo publiait le contenu de plusieurs échanges de SMS attribués à Mariano Rajoy et Luis Barcenas, longtemps très proches, montrant, d'après le quotidien, que le Premier ministre "a maintenu un contact direct et permanent" avec l'ex-trésorier au moins jusqu'en mars 2013, alors que le scandale avait déjà éclaté.

Le lendemain, Luis Barcenas, en prison depuis le 27 juin dans le cadre d'un autre scandale de corruption, était entendu par le juge Pablo Ruz, chargé de cette double enquête: il confirmait l'existence d'une comptabilité B et citait Mariano Rajoy parmi ses bénéficiaires.

Mais pour Carlos Floriano, rapporte France 24, le vice-président du PP "les SMS publiés sont la preuve matérielle d'une tentative de chantage privé dont Barcenas n'a rien obtenu".

> Que réclame l'opposition?

Le Parti socialiste réclame la démission de Mariano Rajoy et des explications en profondeur sur le scandale. "Notre objectif est double: que le président du gouvernement dise la vérité et qu'il abandonne son poste", a lancé mercredi la numéro deux du Parti socialiste, Elena Valenciano. "Si nous n'y parvenons pas demain, nous continuerons à lutter pour cela".

David Namias et AFP