Comportement dangereux ou discrimination? Ce que l'on sait sur le débarquement d'un groupe d'adolescents juifs d'un vol Vueling

La compagnie low-cost espagnole au cœur d'une vive polémique. Ce mercredi 23 juillet, un groupe d'une cinquantaine d'adolescents français, de confession juive, a été débarqué d'un vol Vueling reliant Valence, en Espagne, à Paris.
• Une plainte déposée
Deux versions s’affrontent après cet incident. D'un côté, dans un communiqué publié jeudi, la compagnie a justifié cette exclusion par un "comportement inapproprié" et "une attitude fortement conflictuelle, mettant en péril le bon déroulement du vol" de la part des enfants.
De l'autre, l'association en charge de l'encadrement du voyage des adolescents a indiqué porter plainte pour "violence physique, psychologique et discrimination sur le fondement de la religion". Elle assure que le groupe n'a pas eu d'attitude problématique.
• La France demande des explications
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé samedi la PDG de Vueling Carolina Martinoli pour lui demander des "éléments d'explication", lui faisant part "de la vive émotion suscitée par le débarquement d'un groupe de jeunes Français juifs d'un avion de la compagnie".
"Il a été demandé des éléments d'explication, notamment pour déterminer si ces compatriotes avaient fait l'objet de discriminations liées à leur confession", a indiqué le quai d'Orsay.
La PDG de la compagnie "lui a assuré qu'une enquête interne rigoureuse était en cours et que les conclusions de cette enquête seraient partagées avec les autorités françaises et espagnoles", a-t-il précisé.
• Accusations d'antisémitisme
L'association Club Kineret en charge de l’encadrement a assuré, dans un communiqué, "qu'aucun incident, aucune menace, aucun comportement inapproprié n'a été signalé". Sur BFMTV, l'une des avocates du groupe, a affirmé que "la seule chose qui revient dans les témoignages, c'est qu'un enfant à un moment donné a lancé un cri, qui est un cri de ralliement". "On parle d'un jeu", a déclaré Me Murielle Ouknine-Melki.
"Un de mes amis a crié un peu fort à un moment en hébreu", a abondé dans le même sens Samson, un jeune de la colonie, à BFMTV.
"À partir de ce moment-là, du coup, le personnel de bord est venu le voir en lui disant que s'il recommençait à crier comme ça, ils allaient appeler les forces de l'ordre pour nous sortir de l'avion", a-t-il poursuivi, avant d'ajouter: "Vraiment cinq minutes après, on a vu les forces de l'ordre arriver et ils ont très vite posé la question de la nationalité des colons".
Pour l'association Club Kineret, organisatrice de la colonie de vacances, "le seul élément commun à l'ensemble du groupe est leur visibilité religieuse", citant notamment que certains enfants portaient une kippa ou d'autres symboles juifs comme une étoile de David.
"L'usage de quelques mots en hébreu a visiblement suffi à déclencher une mesure d'une extrême gravité, collective, humiliante et discriminatoire", a écrit dans un communiqué Jacob Avocats, en charge de la défense de l'association, le 24 juillet, ajoutant:
"Aucune autre circonstance ne saurait expliquer le traitement infligé à ce groupe d'enfants".
L'avocate de l'association Club Kineret a indiqué que plusieurs passagers présents au moment des faits ont "rédigé des attestations écrites confirmant que les enfants ne représentaient aucun trouble à l'ordre public ni à la sécurité du vol".
• Vueling pointe un "incident mettant en jeu la sécurité" du vol
Sur BFMTV, Damien, un témoin qui était présent dans ce fameux vol Valence-Paris, a souligné avoir été "beaucoup étonné" par ce débarquement. "En tout cas, moi et les passagers à côté, on ne comprenait pas trop", a-t-il raconté.
"De ce que j'ai vu et entendu, au débarquement et à l'embarquement, ils sont arrivés et sortis de façon très polie, vraiment sans crier, sans rien", a-t-il détaillé.
Une version des faits contredite par la compagnie aérienne. Dans un communiqué de presse, Vueling indique que "comme pour tout incident mettant en jeu la sécurité", c’est le commandant de bord qui a été "dans l’obligation de demander l’intervention de la police espagnole", laquelle, confirmant le récit de Vueling auprès de l’AFP, a procédé au débarquement du groupe "après évaluation de la situation".
Selon José Jiménez Cordoba, directeur des opérations de vol chez Vueling, les adolescents "adoptaient des comportements susceptibles de mettre en danger la sécurité de tous les passagers". "Ils ont tenté de manipuler des équipements de secours: gilets de sauvetage, masques à oxygène, bouteilles d'oxygène...", a-t-il raconté.
Vueling Airlines a nié dans un communiqué le caractère antisémite de leur intervention. "Nous sommes une compagnie composée de 60 nationalités, il n'y a absolument aucune place pour la discrimination", a assuré José Jiménez Cordoba.
De son côté, sur BFMTV, l'une des avocates de la colonie de vacances a affirmé que les jeunes "ont été extrêmement choqués", surtout "d'avoir assisté au plaquage au sol et au menottage particulièrement violent de leur monitrice", en référence à une vidéo filmée après la sortie de l'avion du groupe.
"La compagnie Vueling ne s'est absolument pas chargée de les mettre dans un autre vol, ils ont été abandonnés dans l'aéroport", a également déploré Me Murielle Ouknine-Melki.