Ce que l'on sait des affirmations de Kiev sur les missiles russes démenties par la Roumanie

Une photo montre des missiles dans le ciel à quelques kilomètres de Kiev, le 14 mars 2022 (PHOTO D'ILLUSTRATION). - FADEL SENNA / AFP
Ce vendredi, l'armée ukrainienne a dénoncé une "attaque massive" russe avec des missiles et drones sur des infrastructures énergétiques à travers le pays. Kiev a affirmé avoir intercepté 61 des 71 missiles tirés par la Russie. Selon l'État-major ukraine, deux d'entre eux auraient survolé les territoires de la Moldavie et de la Roumanie, cette dernière étant membre de l'Otan.
• Une annonce faite par l'armée ukrainienne
Le commandant en chef de l'armée ukrainienne a affirmé que deux missiles de croisière russes avaient survolé ce vendredi matin la Roumanie, pays membre de l'Otan, ainsi que la Moldavie avant d'entrer en Ukraine.
Deux projectiles tirés "depuis la mer Noire" ont "traversé l'espace aérien roumain à approximativement 08h33 GMT (9h33 à Paris)" avant d'entrer dans l'espace aérien ukrainien, a affirmé dans un communiqué le Valéry Zaloujny.
Selon lui, ils ont donc d'abord survolé le sud de l'Ukraine avant de pénétrer en Moldavie, puis en Roumanie à l'ouest avant d'entrer à nouveau dans l'espace aérien ukrainien au nord. Cette trajectoire est techniquement possible si les missiles de croisière ont été tirés depuis la mer Noire puisque l'armée russe y dispose d'une importante flotte.
• Démenti de Bucarest
"Les informations faisant état d'un missile russe ayant survolé l'espace aérien roumain ne sont pas confirmées", a réagi le ministère roumain de la Défense.
"Le système de surveillance aérienne a détecté un projectile tiré depuis un bateau russe situé en mer Noire, près de la Crimée", a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué. "Mais à aucun moment, il n'est entré dans l'espace aérien roumain".
Cet engin a survolé le sud de l'Ukraine avant de pénétrer en Moldavie et d'entrer de nouveau dans l'espace aérien ukrainien. Il a toutefois ajouté que ce "projectile" s'était approché au plus près à "environ 35 km" de la frontière.
Deux avions de chasse MiG-21 de l'armée roumaine, mais évoluant sous commandement de l'Otan, ont été dirigés vers le nord de la Roumanie, ce qui a permis "clarifier rapidement la situation", a expliqué le ministère.
• La Moldavie confirme
De son côté, la Moldavie a elle confirmé qu'un missile avait traversé son espace aérien. Le ministère de la Défense a indiqué avoir détecté un projectile ayant survolé deux villages dans sa course vers l'Ukraine: "au-dessus de la ville de Mocra dans la région de Transnistrie et, plus tard, au-dessus de la ville de Cosauți dans le district de Soroca".
Les autorités de cette ex-république soviétique ont fait part de la convocation prochaine de l'ambassadeur de Russie après cette annonce. Cette décision vise à protester "contre la violation inacceptable de notre espace aérien par un missile russe", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Plusieurs projectiles et débris sont déjà tombés sur le sol moldave depuis le début de la guerre, il y a près d'un an. L'ambassadeur russe avait déjà été convoqué en octobre dernier à ce propos.
"Les attaques de missiles contre le pays voisin affectent directement notre pays", a dénoncé le ministère des Affaires étrangères, exprimant son "ferme rejet des déclarations et actions hostiles récentes".
La Moldavie, candidate depuis fin juin à une entrée dans l'Union européenne, est menacé militairement par la Russie avec la présence de soldats russes sur son territoire, dans la région séparatiste prorusse de Transnistrie. En outre, le pays avait dénoncé ce jeudi des activités russes de "déstabilisation" à son encontre.
• Un risque d'escalade si survol de la Roumanie
La Moldavie, contrairement à son voisin roumain, n'est pas membre de l'Otan. Ainsi, si un engin russe avait bel et bien traversé le ciel de Roumanie, il s'agirait de la première violation de l'espace aérien de l'alliance atlantique depuis le début de la guerre.
La situation serait alors différente et pourrait constituer un risque d'escalade. Le traité de l'Otan prévoit en effet un mécanisme d’assistance mutuelle en cas d’attaque caractérisée. L'article 5 stipule que si un État membre est agressé, les autres considéreront cet acte comme une attaque dirigée contre l'ensemble des membres.
En novembre dernier, Kiev avait affirmé qu'un missile russe était tombé en Pologne, tuant deux personnes. Si la situation a particulièrement inquiété, c'est justement car Varsovie est également membre de l'organisation.
S'il s'agissait finalement d'un missile anti-aérien ukrainien, même si l'engin avait été russe, difficile d'imaginer une entrée en guerre directe des Occidentaux contre Moscou. Les membres de l'Otan ont immédiatement appelé à la prudence et, à l'instar d'Emmanuel Macron, mis en garde contre "les risques d'escalade importants", affirmant que le recours à l'article 5 ne serait pas automatique.