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Candidat pro-Trump contre pro-UE: début du second tour d'une présidentielle cruciale en Pologne

Rafal Trzaskowski (g) et Karol Nawrocki (d), candidats à la présidentielle en Pologne

Rafal Trzaskowski (g) et Karol Nawrocki (d), candidats à la présidentielle en Pologne - Sergei GAPON - Alex Brandon / AFP

Les bureaux de vote ont ouvert en Pologne ce dimanche 1er juin au matin pour le second tour de la présidentielle. Rafal Trzaskowski, maire pro-UE de Varsovie, affronte Karol Nawrocki, historien nationaliste pro-Trump.

Les Polonais tranchent ce dimanche 1er juin le sort d'une élection présidentielle extrêmement serrée, dont le résultat aura des implications majeures pour la place de leur pays en Europe, mais aussi pour le droit à l'avortement et les personnes LGBT+.

Rafal Trzaskowski, 53 ans, maire pro-UE de Varsovie et allié du gouvernement centriste, affronte au second tour l'historien nationaliste Karol Nawrocki, 42 ans, soutenu par le parti Droit et Justice (PiS) du président conservateur sortant Andrzej Duda.

Les sondages prédisent un scrutin particulièrement serré. Karol Nawrocki bénéficie de 50,1% et Rafal Trzaskowski de 49,9% des intentions de vote, une différence infime qui se situe dans la marge d'erreur.

Les bureaux de vote, ouverts depuis 7 heures, fermeront à 21 heures dans ce pays membre de l'UE et de l'Otan, qui borde l'Ukraine et reste un fervent soutien de son voisin qui se défend contre la Russie. Un sondage à la sortie des urnes est attendu dès la clôture du scrutin, mais le résultat final ne devrait être connu que lundi.

Deux candidats aux visions opposées

Une victoire de Rafal Trzaskowski donnerait un grand coup de pouce pour l'agenda progressiste du gouvernement dirigé par le Premier ministre Donald Tusk, ancien président du Conseil européen.

Cela pourrait entraîner des changements sociétaux significatifs, comme l'introduction de partenariats civils pour les couples de même sexe et un assouplissement de la législation sur l'avortement, aujourd'hui quasiment interdit.

Le président en Pologne, pays de 38 millions d'habitants, a le droit de veto sur les lois, et est également le chef des forces armées.

Une victoire de Karol Nawrocki renforcerait le parti populiste Droit et Justice qui a gouverné la Pologne entre 2015 et 2023, et pourrait entraîner de nouvelles élections parlementaires. De nombreux partisans de Karol Nawrocki veulent des restrictions plus strictes sur l'immigration et une plus large souveraineté de leur pays au sein de l'Union européenne.

Un scrutin suivi de près en Ukraine

Anna Materska-Sosnowska, experte politique, a qualifié l'élection de "véritable choc de civilisations" en raison des importantes divergences de politiques entre les candidats.

De nombreux électeurs de Rafal Trzaskowski soutiennent une plus grande intégration au sein de l'UE et une accélération des réformes sociales dans ce pays dont l'économie est en forte croissance.

L'élection est également suivie de près en Ukraine, pays voisin qui cherche à renforcer le soutien diplomatique international pour ses négociations difficiles avec la Russie.

Une mobilisation incertaine des électeurs

Karol Nawrocki, admirateur du président américain Donald Trump, s'oppose à l'adhésion de Kiev à l'Otan et a appelé à des restrictions sur les avantages dont bénéficient environ un million de réfugiés ukrainiens en Pologne.

Aux dernières heures de sa campagne, vendredi, il est allé fleurir un monument dédié aux Polonais tués par des nationalistes ukrainiens pendant la Seconde Guerre mondiale. "C'était un génocide contre le peuple polonais", a-t-il déclaré.

Le résultat final de l'élection devrait dépendre de la capacité de Rafal Trzaskowski à mobiliser suffisamment de supporters, et de la volonté des électeurs d'extrême droite de reporter leur vote sur Karol Nawrocki.

Les candidats d'extrême droite ont obtenu au total plus de 21% des voix au premier tour, que Rafal Trzaskowski a remporté de justesse avec 31% des voix, contre 30% pour Karol Nawrocki.

J.D. avec AFP