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"Notre mort aura servi": des lettres de résistants belges écrites juste avant leur exécution découvertes

Capture d'écran d'archives disponibles sur le site Internet de la Vrije universiteit de Bruxelles (Belgique). Sur ces images, on aperçoit de jeunes résistants belges exécutés entre 1939 et 1945.

Capture d'écran d'archives disponibles sur le site Internet de la Vrije universiteit de Bruxelles (Belgique). Sur ces images, on aperçoit de jeunes résistants belges exécutés entre 1939 et 1945. - Capture d'écran Vrije Universiteit Brussel (VUB) / www.vub.be

Grâce au projet "Last words" ("Derniers mots"), la Belgique a retrouvé plusieurs lettres de la Seconde Guerre mondiale écrites par des résistants avant leur exécution. Des documents déchirants, ultimes traces de la barbarie nazie, portés à la connaissance des familles de victimes 80 ans après les faits.

C'est un pan tout entier de l'Histoire qui nous parvient seulement aujourd'hui. Des témoignages de centaines de résistants belges exceptionnellement autorisés à écrire à leurs proches, une poignée de minutes seulement avant que les soldats nazis ne les exécutent.

Fruit du projet "Last Words" ("Derniers mots" en français) porté par la Vrije universiteit de Bruxelles (VUB) et l'association de mémoire "Helden van het verzet" (les "Héros de la Résistance"), ces lettres permettent de retracer avec précision les parcours des près de 1.500 résistants belges arrêtés et abattus durant la Seconde Guerre, jusqu'à leurs tous derniers instants, rapporte The Guardian.

Parmi ceux-là, un jeune homme de 19 ans au moment des faits prénommé Norbert Vanbeveren. Le 27 octobre 1944, jour de sa mort, les nazis le laissent écrire à sa famille. Une lettre qui ne leur sera transmise que très récemment grâce à une émission spéciale diffusée sur la radio belge VRT.

Capture d'écran les "Héros de la Résistance". Photographie de Norbert Vanbeveren, âgé de 19 ans au moment de son exécution.
Capture d'écran les "Héros de la Résistance". Photographie de Norbert Vanbeveren, âgé de 19 ans au moment de son exécution. © Capture d'écran les "Héros de la Résistance"

"Notre mort aura finalement servi à quelque chose"

Christel Van Iseghem a 71 ans. De l'histoire de son grand-oncle, elle ne connaissait que les grandes lignes, mêlées à l'histoire de tout le monde, finalement. Mais ces dernières semaines, elle a pu en apprendre davantage sur la fin tragique de son aïeul Norbert Vanbeveren en écoutant... la radio.

Il était à Munich, dans le sud de l'Allemagne, lorsqu'il prend pour la dernière fois sa plume. Celui qui n'est alors qu'un "gamin" explique à ses parents qu'il ressent comme "une sorte de paix et de satisfaction" au plus profond de son cœur. Même s'il est condamné, Norbert confie faire preuve de dignité et de fierté.

"Notre mort aura finalement servi à un but: que vous soyez à nouveau libres et que vous n’ayez plus à vivre sous l’occupation", ajoute-t-il.

Des mots surprenants pour un jeune de son âge et qui trahissent un courage impressionnant. De quoi bouleverser Christel Van Iseghem. "Mon cœur s’est arrêté. (...) J’étais assise là, tremblante, les mains tremblantes… Cela signifie tellement pour moi. Il ne sera pas oublié", décrit-elle auprès de nos confrères du Guardian.

La lettre de Norbert fait partie des 20 lettres numérisées jusqu'à présent et partagées à la population belge par Dany Neudt, co-fondateur de l'association "Helden van het verzet".

"La guerre fait ressortir le pire chez les gens, mais aussi le meilleur de l’humanité, et c’est ce que vous voyez dans les histoires de résistance", détaille-t-il dans le quotidien anglais.

Tous les jours, l'association publie sur les réseaux sociaux l'histoire d'un résistant belge. Une démarche visant à mettre en lumière ceux qui ont œuvré pour la paix.

Camille Dubuffet