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Van Gogh: une galerie londonienne retire de sa boutique des produits dérivés jugés déplacés

L'exposition "Van Gogh autoportraits", à la Courtauld Gallery de Londres, le 1er février 2022.

L'exposition "Van Gogh autoportraits", à la Courtauld Gallery de Londres, le 1er février 2022. - Tolga Akmen / AFP

Une gomme en forme d'oreille, un savon pour les "artistes torturés"... Des produits dérivés faisant référence aux problèmes de santé mentale du peintre ont été vivement critiqués.

Des chaussettes décorées de tournesols. Des puzzles représentant la Nuit étoilée. Voici quelques-uns des produits dérivés que l'on peut trouver à la boutique de souvenirs de la galerie Courtauld à Londres, où se tient une exposition sur les autoportraits de Vincent Van Gogh jusqu'en mai prochain.

Néanmoins, des objets plus étonnants se trouvaient également sur étalages de la boutique. La galerie a, en effet, été vivement critiquée pour avoir proposé à la vente des articles faisant allusion de manière ironique aux problèmes de santé mentale du peintre néerlandais, notamment une gomme en forme d'oreille, référence au fait que Van Gogh s'était coupé l'oreille gauche.

Des produits "heurtants"

"Nous faisons tous des erreurs, artistiques ou autres. Prenez les choses en main, comme Van Gogh. Prenez votre earaser [contraction de ear et de eraser] et découpez les parties incriminées!", lit-on en description de ce produit dérivé.

En plus de la gomme en forme d'oreille, l'un des cadeaux également vendus à l'exposition était un savon présenté comme idéal pour "les artistes torturés qui aiment les bulles duveteuses". Il était aussi possible de se procurer un "kit de premiers soins émotionnels" pour "20 situations psychologiques critiques". Des produits dérivés jugés "heurtants" par nombre de critiques et une partie du public.

Les maladies mentales "traitées comme une blague"

Si l'exposition qui réunit seize autoportraits est plutôt saluée par la critique et le public, la boutique de souvenirs a beaucoup moins de succès. Pour Charles Thomson, cofondateur du mouvement artistique Stuckist, la mise en vente de tels produits "en dit long" sur l'attitude actuelle de la société à l'égard des maladies mentales qui ne sont, selon lui, pas prises assez au sérieux.

"Cette affaire est une illustrastion du cynisme et du mercantilisme qui ont affecté le paysage de l'art moderne, la santé mentale et les maladies mentales étant traitées comme une blague - ce qu'elles ne sont pas - ou comme une nouveauté", dénonce Charles Thomson à CNN.

Articles retirés de la vente

David Lee, le rédacteur en chef du magazine Jackdaw, a déclaré au Daily Mail à propos de la galerie: "seraient-ils prêts à vendre des crayons en forme de fausse jambe lors d'une exposition de Frida Kahlo?", en référence à l'amputation de la jambe droite de l'artiste mexicaine, au-dessous du genou, en raison d'une gangrène.

Face au tollé, la galerie d'art londonienne a retiré certains de ces articles de la vente. "La galerie prend la santé mentale très au sérieux. Il n'a jamais été dans son intention d'avoir une attitude insensible ou dédaigneuse à l'égard de ce sujet important", peut-on lire dans un communiqué.

Vincent Van Gogh a souffert de problèmes de santé mentale tout au long de sa vie. En 1888, il est retrouvé dans son lit avec l'oreille gauche tranchée. Il passe ensuite un an à l'hôpital psychiatrique Saint-Paul-de-Mausole, à Saint-Rémy-de-Provence. L'année suivante, à l'âge de 37 ans, il se suicide.

Salomé Robles