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Une étude éclaire les origines des défunts enterrés à Stonehenge

Le site préhistorique de Stonehenge, dans le sud de l'Angleterre, le 7 juillet 2012.

Le site préhistorique de Stonehenge, dans le sud de l'Angleterre, le 7 juillet 2012. - Andrew Cowie - AFP

Grâce à une nouvelle technique d'analyse des ossements brûlés, des chercheurs ont découvert qu'une bonne partie des défunts enterrés à Stonehenge provenait du pays de Galles, à plus de 200 kilomètres de là.

Des chercheurs ont réussi à lever un coin du voile sur l'origine des individus enterrés à Stonehenge, le célèbre site mégalithique préhistorique anglais: certains viendraient de l'ouest du Pays de Galles, tout comme certaines pierres du monument.

Situé dans la plaine de Salisbury dans le sud-ouest de l'Angleterre, Stonehenge se compose de plusieurs ensembles concentriques de pierres. Commencée il y a 5 000 ans, son édification s'est faite en plusieurs étapes.

"On savait déjà par de précédentes études que les 'pierres bleues', utilisées au début de la construction de ce site néolithique, provenaient du Pays de Galles", a déclaré à l'AFP Christophe Snoeck, principal auteur de l'étude publiée jeudi dans Nature Scientific Reports. "Mais on ignorait l'origine des individus enterrés à Stonehenge" car ils ont été incinérés préalablement, ce qui empêche l'analyse ADN.

"Des indications géographiques perdurent dans les os"

Chimiste de formation, l'archéologue a mis au point une technique inédite d'analyse isotopique (mesure de masse des molécules ou d'éléments) du strontium, un métal alcalino-terreux environ sept fois plus lourd que le charbon. 

"Mon objectif était de déterminer quel type d'information on pouvait récolter de restes archéologiques humains, même après une crémation", a expliqué Christophe Snoeck à CNN. "J'ai pu démontrer que des indications géographiques perdurent dans les os brûlés, et cette découverte nous a permis de nous repencher sur les restes enfouis à Stonehenge et de mener cette étude passionnante."

Les scientifiques ont ainsi démontré que sur 25 individus examinés, 10 d'entre eux, "soit 40%", n'habitaient pas près de Stonehenge "pendant la dizaine d'années qui a précédé leur mort".

Ils venaient de plus loin et pour certains de l'ouest du Pays de Galles, souligne Christophe Snoeck. Or l'on sait depuis les années 1920 que les "pierres bleues" de Stonehenge (deux roches volcaniques, la dolérite et la rhyolite) proviennent des collines de Preseli, au Pays de Galles, à plus de 200 kilomètres de là.

"C'était comme leur donner une seconde vie"

Tout cela "suggère que les habitants des monts Preseli ne se sont pas contentés de fournir les 'pierres bleues' rangées en cercle de Stonehenge mais qu'ils se sont déplacés en même temps que ces pierres et qu'ils ont été enterrés sur le site", avance John Pouncett, de l'Ecole d'archéologie d'Oxford, coauteur de l'étude.

Certains corps auraient aussi pu être amenés à Stonehenge et enterrés sur le site, avancent les chercheurs. D'autant qu'en 1920, un archéologue avait remarqué que des restes brûlés étaient contenus dans des sacs en cuir, rappelle CNN

Ces nouvelles informations supposent que Stonehenge était un site d'importance à l'ère néolithique et que sa construction avait impliqué des déplacements de plus de 200 kilomètres. 

L'analyse était "extrêmement palpitante et terrifiante à la fois", a confié Christophe Snoeck à CNN. "D'une certaine manière, c'était comme leur donner une seconde vie."

L.A., avec AFP