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Londres: ravagée par un incendie qui avait fait 72 morts en 2017, la tour Grenfell va être démolie

Des personnes se rassemblent devant le mémorial de fortune créé sur le mur entourant la tour Grenfell dans l'ouest de Londres, le 14 juin 2022, à l'occasion du cinquième anniversaire de la tragédie, afin de rendre hommage aux victimes.

Des personnes se rassemblent devant le mémorial de fortune créé sur le mur entourant la tour Grenfell dans l'ouest de Londres, le 14 juin 2022, à l'occasion du cinquième anniversaire de la tragédie, afin de rendre hommage aux victimes. - Glyn KIRK / AFP

En juin 2017, un feu avait ravagé cette tour londonienne de 24 étages occupée par des familles généralement modestes. 72 personnes sont mortes. La démolition de cette tour, devenue un mémorial, pour des raisons de sécurité fait débat.

La tour Grenfell à Londres, ravagée par un incendie en 2017 au cours duquel 72 personnes ont péri, va être démolie, ont rapporté deux associations de victimes ce jeudi 6 février. Ces deux associations sont divisées sur la question.

Selon Grenfell Next of Kin (GNK) et Grenfell United, l'annonce leur a été faite mercredi soir par la vice-Première ministre Angela Rayner, également ministre du Logement, lors d'une réunion publique.

Sollicité par l'AFP, le ministère du Logement n'a pas souhaité confirmer l'information. Un porte-parole a toutefois expliqué que Angela Rayner s'était "engagée à ce que la décision sur le devenir de la tour soit d'abord communiquée aux proches des victimes ainsi qu'aux victimes elles-mêmes".

"Il s'agit d'une question profondément personnelle pour toutes les personnes concernées, et la vice-Première ministre s'est engagée à ce que leurs voix restent au coeur de cette affaire", a-t-il ajouté.

"Elle sortira définitivement des esprits de ceux qui sont responsables"

Le 14 juin 2017, le feu avait ravagé cette tour de 24 étages occupée par des familles généralement modestes, dans un quartier huppé de l'ouest de Londres, lors du pire incendie résidentiel en Grande-Bretagne depuis la Seconde Guerre mondiale. L'incendie avait mis moins d'une demi-heure à se propager à l'ensemble de l'immeuble, doté d'un revêtement de façade hautement combustible.

Dans son communiqué, l'association Grenfell Next of Kin explique qu'elle aurait aimé que la tour soit maintenue comme un mémorial de la catastrophe mais reconnaît que cette solution n'est pas possible pour des "raisons de sécurité".

Vue de la tour Grenfell en feu à Londres, le pire incendie résidentiel depuis la Deuxième Guerre mondiale au Royaume-Uni, le 14 juin 2017
Vue de la tour Grenfell en feu à Londres, le pire incendie résidentiel depuis la Deuxième Guerre mondiale au Royaume-Uni, le 14 juin 2017 © Daniel LEAL © 2019 AFP

L'association Grenfell United ne voit pas les choses de la même manière. Dans un court communiqué, elle affirme qu'Angela Rayner n'a "pas su justifier la décision". Elle déplore en outre que les victimes et leurs familles n'aient pas été consultées.

"Il est honteux et impardonnable d'ignorer les voix des personnes endeuillées sur l'avenir" de ce lieu, poursuit-elle.

Pour Emma O'Connor, qui a survécu à l'incendie, la démolition de la tour serait aussi un moyen pour les pouvoirs publics d'effacer les traces de cette tragédie. "Il semble que ce qui est loin des yeux est loin du coeur", a-t-elle déclaré à la radio BBC 4. "Nous comprenons que la tour pose des problèmes de sécurité mais si on ne peut plus la voir, elle sortira définitivement des esprits de ceux qui sont responsables" de la tragédie, a-t-elle poursuivi.

L'avenir de la tour fait l'objet de débats depuis plusieurs années, certains souhaitant qu'elle reste en place pour rappeler l'incendie, d'autres voulant qu'elle soit remplacée par un monument commémoratif. Début septembre, un rapport d'enquête a révélé que l'incendie avait été le résultat de "décennies de défaillances" de la part du gouvernement et du secteur de la construction. Le Premier ministre Keir Starmer a présenté ses excuses "au nom de l'État britannique".

J.Bro avec AFP