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Royaume-Uni

La favorite pour succéder à Boris Johnson épinglée pour un vol en jet privé aux frais du contribuable

La ministre des Affaires étrangères, Liz Truss.

La ministre des Affaires étrangères, Liz Truss. - Ben STANSALL © 2019 AFP

Ses détracteurs déplorent l'existence de vols réguliers commerciaux aux mêmes horaires.

Voilà une histoire qui ne va pas arranger les affaires du gouvernement de Boris Johnson. Déjà dans la tourmente pour sa gestion de la pandémie et, surtout, dans le cadre du scandale du "partygate", c'est désormais la ministre des Affaires étrangères qui est sous le feu des critiques.

Favorite pour succéder au Premier ministre en cas de départ précipité, Liz Truss est épinglée pour s'être rendue en Australie en jet privé. Un déplacement qui aurait coûté plus d'un demi-million de livres au contribuable, alors que des vols réguliers auraient été moins chers et, de surcroît, plus rapides, révèle The Independent.

Plus cher, plus long, moins écolo

La ministre a, en effet, voyagé de Londres à Sydney à bord de l'Airbus A321 du gouvernement, un avion qui peut d'ordinaire accueillir 235 passagers mais qui a été transformé en "version VIP". Elle a décollé le 18 janvier dernier de l'aéroport de Stransted, et a fait escale à Dubaï puis à Kuala Lumpur pour reprendre du carburant. Pourtant, un vol commercial direct a effectué un trajet similaire, à quelques heures de différence.

L'avion est resté au sol à Sydney deux jours durant, avant de s'envoler vers Adélaïde pour un discours de la ministre. Ensuite, il a pris le chemin du retour le 22 janvier, avec les mêmes escales de ravitaillement. The Independent révèle qu'un vol commercial suivait le même itinéraire, décollant dix-sept minutes plus tôt et arrivant neuf heures avant l'avion gouvernemental. La mission aller-retour en Australie a consommé environ 150 tonnes de carburant et généré près de 500 tonnes de CO2, selon The Guardian.

Un voyage à 600.000 euros

Selon le quotidien britannique, ce voyage aurait coûté "au moins 500.000 livres", soit plus de 600.000 euros. Pourtant, comme le rappelle The Guardian, Liz Truss fait de la baisse des dépenses gouvernementales un cheval de bataille. En 2007, elle rédige même un document dans lequel elle préconise que les fonctionnaires voyagent en classe économique. "Chaque travailleur du secteur public devrait se sentir personnellement responsable de l'argent qu'il dépense et de celui qu'il économise", écrit-elle alors.

L'opposition ne s'est pas fait attendre pour réagir. La vice-présidente du parti travailliste, Angela Rayner, a déclaré que l'utilisation du jet privé montrait "au public le peu de respect que ce gouvernement conservateur a pour l'argent des contribuables".

"Il est obscène que les ministres du gouvernement voyagent en jet privé alors qu'ils augmentent les impôts et refusent de faire quoi que ce soit pour aider les familles qui travaillent alors qu'elles ressentent les effets de la crise du coût de la vie", déclare-t-elle.

"Un successeur approprié à Boris Johnson"

"Nous avons un avion gouvernemental précisément pour que les ministres, comme moi dans mon rôle de ministre des Affaires étrangères, puissent aller faire le travail à l'étranger qui, en fin de compte, sert le peuple britannique", s'est défendue Liz Truss.

Ce n'est pas la première fois qu'elle est critiquée pour ses dépenses. "Avec un tel bilan, Lavish Liz fera un successeur approprié à Boris Johnson", ironise ainsi Deidre Brock, porte-parole du SNP pour l'environnement.

En effet, celle qui se revendique volontiers comme l'héritière de Margaret Thatcher est en vogue dans les rangs conservateurs et se place même en tête du classement du site de ConservativeHome sur les personnalités les plus populaires du parti. Mais alors que Boris Johnson est menacé par un vote de défiance de son propre camp, l'affaire du jet privé n'arrange pas les affaires du parti conservateur outre-Manche.

Salomé Robles