Incident nucléaire de Sellafield: faut-il s’inquiéter?

Un employé du complexe de Sellafield observe les barils de déchets nucléaires, le 26 septembre 2002. - -
Il aura fallu attendre 15 heures ce vendredi avant d'avoir les explications de l'exploitant du complexe nucléaire de Sellafield: le taux anormalement élevé de radiations radioactive serait lié à la présence de radon radioactif, naturellement présent dans l'atmosphère.
Que s'est-il passé ce vendredi matin sur le site du plus gros complexe nucléaire européen situé au nord-ouest de l’Angleterre, à la frontière avec l’Ecosse? L'explication de la direction du site est-elle satisfaisante? Y-a-t-il lieu de s’inquiéter? BFMTV.com fait le point.
> Les faits
Sellafield Ltd, l’exploitant du complexe nucléaire éponyme, annonce ce vendredi en début de matinée que des niveaux élevés de radioactivité ont été détectés -dans la nuit vers 2 heures du matin (3 heures en France)- sur l’un des moniteurs de radiation du site, "situé à son extrême nord".
Selon l’exploitant de la centrale, les niveaux de radioactivité sont "au-dessus de la normale mais bien en dessous d'un niveau qui exigerait que le personnel prenne des mesures sur ou en dehors du site". Le personnel continue de travailler et les usines fonctionnent " normalemen" précise-t-il, avant d’ajouter que par mesure de "prudence et de précaution", seul le personnel essentiel doit se rendre sur son lieu de travail.
En début d’après-midi, la direction du site annonce avoir terminé son enquête: l’alerte aurait été déclenchée par la présence de radon, un élément radioactif naturel, en raison de l'"extrême sensibilité" de son système de détection.
> Est-ce que c'est grave?
Les explications données en début d’après-midi par l’exploitant –la présence de radon, élément radioactif naturellement présent dans l’atmosphère– n’ont pas vraiment convaincu les anti-nucléaires.
"Pas de souci, l'élévation de la radioactivité est naturelle. Mais pourquoi pas les suites de Fukushima ou un complot marsien?", a ironisé Corinne Lepage, présidente de CAP 21, sur Twitter:
#Sellafield pas de souci. L'élévation de la radioactivité est naturelle #radon mais pourquoi pas les suites Fukushima ou 1 complot marsien
— Corinne Lepage (@corinnelepage) 31 Janvier 2014
Ce vendredi matin, Sellafiel Ltd , a assuré qu’ "il n'y (avait) aucun risque pour la population et pour les employés", même si la direction a réduit les effectifs sur le site par mesure de précaution, le temps de boucler son enquête pour identifier la source du problème.
Très vite dans la matinée, le gouvernement Cameron a déclaré qu’"à l'heure actuelle, il n'y (avait) pas de raison de penser que l'incident (était) plus grave qu'il n'(avait) été rapporté."
Sous couvert d’anonymat, un employé de la centrale avait déclaré à l’AFP que le personnel n’avait reçu aucune information précise de la part de la direction sur la nature de l’incident.
Un groupe local anti-nucléaire, le Core (Cumbrians Opposed to a Radioactive Environment) s’est inquiété des "messages contradictoires" donné par la direction du site, qui ne "mettent pas en confiance", a rapporté le Guardian en fin de matinée, avant de demander des explications plus cohérentes.
> La centrale a-t-elle connu d'autres incidents?
En mars 2013, le site de Sellefiald avait été momentanément fermé "par précaution" à cause d'intempéries.
En tout début d’année 2013, l’administration du site avait été critiquée par le Public Accounts Committee, la commission de la Chambre des communes chargée d’examiner les dépenses publiques. La commission accusait le consortium Nuclear Management Partners (NMP), d’avoir failli dans sa mission d’enrayer la hausse des coûts et les retards dans le traitement des déchets, et le démantèlement des installations.
> Sellafield, c'est quoi?
Le site anglais de Sellafield, situé dans le comté de Cumbrie, à la frontière avec l’Ecosse, est le plus vieux(68 ans) et le plus gros complexe nucléaire européen (plus de 6 km2 pour plus de 10.000 employés), géré et exploité par un consortium composé d'Amec en Grande-Bretagne, Areva en France et la firme américaine URS.
Sellafield a été la première centrale nucléaire dans le monde à fournir de l'électricité au public, mais elle a cessé d'en produire en 2003. Le site abrite de multiples installations, dont certaines sont en cours de démantèlement. Il est désormais utilisé pour le stockage des déchets nucléaires et le retraitement du combustible usé.