Oradour-sur-Glane: l'ancien SS inculpé nie "avoir tiré"

Les ruines du village martyr d'Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne, en avril 2013. - -
Werner C. se dit "innocent". Cet ancien membre des Waffen SS, inculpé mercredi par le parquet de Dortmund, en Allemagne, a nié vendredi dans les colonnes du quotidien à grand tirage Bild sa participation au massacre du village français Oradour-sur-Glane.
L'homme de 88 ans, veuf et charpentier à la retraite, ne conteste pas avoir fait partie de l'unité qui a pénétré dans ce village de Haute-Vienne, le 10 juin 1944, pour y commettre le plus important massacre de civils sous l'Occupation en France. Mais il nie y avoir pris une part active.
Ce jour-là, quatre jours après le débarquement allié, des éléments de la division SS Das Reich qui remontait vers le front de Normandie avaient bouclé le village et rassemblé la population sur le champ de foire. Les hommes avaient été emmené dans des granges, les femmes et les enfants parqués dans l'église. Tous avaient été mitraillés. Les troupes nazies avaient ensuite mis le feu à Oradour.
"J'ai sauvé la vie de deux femmes"
L'inculpation de Werner C. porte sur le massacre de 25 hommes dans une grange. Avec un autre soldat, il est accusé d'avoir abattu les villageois avec un fusil-mitrailleur. Les victimes ont été achevées d'une balle de pistolet ou sont mortes dans l'incendie du bâtiment.
"Oui, j'étais là", déclare l'octogénaire à Bild. "Mais je n'ai pas tiré." Agé de 19 ans à l'époque, il prétend avoir fait partie des soldats restés en faction aux abords du village, pour empêcher quiconque d'entrer ou d'en sortir.
Il indique même avoir "sauvé la vie de deux femmes". "Quand tous les villageois ont été rassemblés sur la place du marché, elles sortaient de la forêt", relate-t-il. "Je leur ai crié de déguerpir, de retourner dans la forêt. C'est ce qu'elles ont fait."
"Personne ne veut avoir tiré"
Mais le procureur général de l'Office central d'enquête sur les crimes nazis, Andreas Brendel, a de son côté déclaré à Bild disposer "d'autres informations" sur les actes présumés de cet homme. Selon lui, "aucun des coupables n'a jamais avoué avoir tué un seul homme. Personne ne veut avoir tiré".
En tout, six criminels présumés font l'objet de poursuites dans le cadre de la procédure judiciaire ouverte en octobre 2010 par le parquet de Dortmund.