BFMTV
Allemagne

Oradour: un ancien SS avoue sa présence le jour du massacre

Une rue du village d'Oradour-sur-Glane, conservée telle quelle depuis le massacre.

Une rue du village d'Oradour-sur-Glane, conservée telle quelle depuis le massacre. - -

Mis en cause par une enquête menée en Allemagne, un octogénaire, âgé de 18 ans au moment des faits, a avoué sa présence sur les lieux du massacre qui avait fait 642 victimes le 10 juin 1944.

Presque soixante-dix ans après le massacre d'Oradour-sur-Glane, près de Limoges, la justice joue contre le temps pour trouver les ultimes responsables. Et y parvient parfois. Interrogé par des enquêteurs allemands, un octogénaire a avoué s'être trouvé le jour fatidique sur les lieux du crime, un village du Limousin où 642 habitants avaient été massacrés en 1944, a indiqué samedi l'hebdomadaire allemand Focus (lien en allemand).

"C." avait 18 ans au moment du massacre. Il était homme de troupe au sein de l'unité de la division SS Das Reich qui a foulé le sol d'Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944. Cette formation, alors basée à Montauban, remontait vers la Normandie où le débarquement allié venait d'avoir lieu.

Parqué avec un fusil-mitrailleur près de l'église

Selon ses aveux, "C." avait été posté avec un fusil-mitrailleur près de l'église du village. C'est là que les SS avaient parqué les femmes et les enfants avant de les mitrailler et de mettre le feu à l'édifice. Les hommes, eux, avaient été exécutés dans des granges.

L'octogénaire nie néanmoins avoir participé au massacre. Il clame avoir protesté contre ces exécutions, et avoir été éloigné du centre du village. Il nie de cette façon avoir vu ses camarades mettre le feu à l'église et aux granges où les hommes avaient été parqués.

Pour les enquêteurs, cet homme constitue néanmoins un suspect crucial. Avec lui, cinq autres criminels présumés font l'objet de poursuites, dans le cadre d'une procédure judiciaire ouverte en octobre 2010 par le parquet de Dortmund, en Allemagne. Tous ont déjà été entendu fin 2011.

Ouverture des archives de la Stasi

Sur le dossier Oradour, le temps judiciaire s'est accéléré depuis l'ouverture des archives de la Stasi, les anciens services secrets est-allemands, qui recelaient des éléments inédits sur le massacre, notamment les témoignages de deux SS présents sur les lieux. Selon l'un d'eux, avant le massacre, un officier aurait lancé à ses hommes: "Aujourd'hui, le sang doit couler." Ce qui signifie qu'aucun soldat ne pouvait ignorer qu'une tuerie se préparait.

L'enquête du parquet de Dortmund devrait aboutir en 2014. Jusqu'à présent, plusieurs procédures menées en Allemagne de l'Ouest (avant la chute du mur de Berlin) ont été classées faute de preuve, et plusieurs responsables identifiés du massacre sont morts sans avoir été inquiétés.

M. T.