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Immigration, guerre en Ukraine, défense... Ce que contient l'accord de la nouvelle coalition en Allemagne

Les chef des conservateurs allemands Friedrich Merz et le co-président des sociaux-démocrates Lars Klingbeil à Berlin  le 9 avril 2025

Les chef des conservateurs allemands Friedrich Merz et le co-président des sociaux-démocrates Lars Klingbeil à Berlin le 9 avril 2025 - Tobias SCHWARZ / AFP

Un mois et demi après leur victoire aux élections législatives, les conservateurs allemands ont dévoilé ce mercredi 9 avril leur contrat de coalition avec les sociaux-démocrates du SPD. Le nouvel exécutif devrait entrer en fonction début mai.

Un nouveau cap politique pour l'Allemagne. Le patron des conservateurs Friedrich Merz a dévoilé ce mercredi 9 avril son accord de coalition pour former un gouvernement avec les sociaux-démocrates, un mois et demi après la victoire de l'alliance CDU/CSU aux élections législatives.

Le centre-gauche du SPD, parti de l'actuel chancelier Olaf Scholz, reste donc au pouvoir malgré sa sévère défaite dans ce scrutin marqué par le score historique de l'extrême droite.

Le nouvel exécutif, qui devrait entrer en fonction "début mai", fera "de nouveau avancer notre pays", a promis Friedrich Merz, ancien rival d'Angel Merkel, qui accédera prochainement au poste de chancelier.

"L'accord de coalition est le signe d'un nouveau départ et d'un signal fort pour notre pays", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse commune avec le SPD à Berlin.

Des "défis historiques" pour l'Allemagne

La feuille de route du gouvernement de coalition pour les quatre années à venir a été établie après des négociations "menées dans un contexte de tensions politiques mondiales croissantes (...) où de nombreuses forces, à l'intérieur comme à l'extérieur, travaillent (...) contre nous en Allemagne", a mis en avant le futur chef du gouvernement.

La pression est grande pour la première puissance européenne qui fait face à une somme d'urgences rarement vues depuis la réunification: relancer l'économie en récession depuis deux ans, barrer la route au parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), soutenir le renforcement de la défense européenne face au désengagement américain.

Dans le contrat de coalition de 140 pages, les signataires soulignent "les défis historiques" auxquels fait face l'Allemagne. "La politique des années à venir déterminera en grande partie si nous continuerons à vivre dans une Allemagne libre, sûre, juste et prospère", est-il écrit.

Le futur chancelier a promis un durcissement de la politique migratoire allemande, après des attaques mortelles commises dans le pays par des assaillants étrangers qui ont marqué la campagne électorale.

"Nous allons prendre un nouveau cap dans la politique migratoire", a expliqué Friedrich Merz, affirmant notamment vouloir mettre fin à l'immigration irrégulière, suspendre le regroupement familial et mettre fin aux naturalisations au bout de seulement trois ans d'existence en Allemagne.

Soutien "complet" à Kiev et efforts pour la défense

Le contrat de coalition prévoit aussi un "soutien complet à l'Ukraine afin qu'elle puisse se défendre efficacement contre l'agresseur russe et s'affirmer dans les négociations", indique le document négocié ces dernières semaines.

"Les dépenses pour notre défense doivent augmenter de manière significative et rigoureuse jusqu'à la fin de la législature", est-il également précisé. Le document ajoute que "pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne et l'Europe doivent être en mesure d'assurer elles-mêmes leur sécurité de manière beaucoup plus étendue".

Les deux partis du futur gouvernement allemand ne mentionnent pas de chiffre précis sur les dépenses, indiquant simplement que "le montant de nos dépenses de défense" sera "déterminé par les objectifs convenus conjointement au sein de l'OTAN". L'objectif actuel de l'Otan est de 2% du Produit intérieur brut (PIB) des pays membres chaque année, mais plusieurs responsables allemands ont déjà laissé entendre que Berlin devrait plutôt viser 3% par an.

Pour cela, la future coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates a déjà entrepris de s'affranchir des règles strictes de limitation des déficits publics du pays - le "frein à l'endettement" - pour pouvoir investir massivement dans les années à venir dans le dépenses. Il est question de centaines de milliards d'euros, notamment pour moderniser l'armée nationale, la Bundeswehr.

Par ailleurs, le contrat de coalition dévoilé mercredi annonce le retour d'une forme de service militaire dans le pays, alors que la conscription a été abolie en 2011. Il prévoit "un nouveau service militaire attractif, qui dans un premier temps sera basée sur le volontariat".

"Indépendance" vis-à-vis des États-Unis

"L'Allemagne remplira ses obligations en matière de défense et l'Allemagne est prête à renforcer sa propre compétitivité (...) L'Allemagne sera à nouveau un partenaire très fort au sein de l'Union européenne, et nous ferons avancer l'Union européenne", a également dit Friedrich Merz, répondant à un journaliste lui demandant s'il avait un message pour Donald Trump.

Après les législatives, le patron du parti conservateur CDU, allié de sa jumelle bavaroise la CSU, avait prôné une "indépendance" vis-à-vis des États-Unis, marquant un tournant majeur pour l'Allemagne.

Sur le plan économique, le futur chancelier a défendu "une réponse européenne commune" face à l'avalanche de droits de douane adoptés par Donald Trump et à la politique de la Chine, sérieuse concurrente à l'industrie allemande en crise. Le chef de file des conservateurs a promis de "rétablir très rapidement la compétitivité du pays" et de "tout faire pour créer de nouveaux emplois en Allemagne" afin de sortir de la récession qui dure depuis deux ans.

François Blanchard