"Ce sont vraiment des Nazis": en Allemagne, les mamies font de la résistance contre l'extrême droite

"Ce n'est pas parce qu'on est vieux qu'on doit rester silencieux". En Allemagne, un certain nombre de grands-mères ne souhaitent plus voir l'extrême droite continuer à gagner du terrain. À Berlin, Nuremberg ou encore Düsseldorf... Elles sont plusieurs milliers à se mobiliser et à aller manifester en vue des législatives anticipées qui ont lieu ce dimanche 23 février.
Aujourd'hui, elles sont inquiètes du score que pourrait faire l'AfD, le parti d'extrême droite, aux élections, alors que celui-lui est crédité de 20% des intentions de vote, ce qui le placerait en 2e position.
"Les Nazis dehors!"
"Les Nazis dehors! Les Nazis dehors", s'exclamaient-elles encore samedi 22 février dans les rues de Berlin, vêtues de leurs bonnets en maille colorée souvent tricotés main - inspirés des pussy hats" portés par les manifestantes lorsque Donald Trump a été élu pour la première fois en 2017.
Inspiré d'initiatives similaires en Autriche, le mouvement des "Omas gegen Rechts" a vu le jour en Allemagne en 2018 alors qu'un an plus tôt, l'AfD (Alternative für Deutschland) venait de faire son entrée au parlement allemand. Au fil des années, le mouvement a grandi et s'est structuré: elles revendiquent aujourd'hui 30.000 membres et comptent une centaine de sections locales dans toute l'Allemagne.
Sexagénaires, septuagénaires, voire nonagénaires, ces activistes qui ont grandi dans les décennies d'après-guerre travaillées par la mémoire de l'Holocauste se sentent investies d'un devoir.
"On est du côté de ceux qui luttent contre le fascisme"
Chaque semaine, Maya, 72 ans, se rend aux manifestations: "entre nous on se surnomme 'les chiens errant' parce qu'on est dans la rue très souvent", plaisante-t-elle. "On est du côté de ceux qui luttent contre le fascisme et l'antisémitisme. On serait même prêtes à se coucher dans la rue. Le seul problème, c'est qu'on aurait du mal à se relever", s'amuse-t-elle.

"Mon grand-père et ma mère ont dû quitter l'Allemagne en 1933 parce qu'ils étaient juifs. Mes petits-fils sont musulmans et je veux que chacun puisse vivre dans un pays où il se sente chez lui", explique encore la septuagénaire.
"L'AfD n'est pas un parti démocratique", s'exclame à ses côtés Sabina. "Ils ont un programme affreux qu'on ne veut pas voir ici. Ce sont vraiment des Nazis et on ne peut pas accepter ça".
Les résultats des élections fédérales seront dévoilés progressivement à partir de la fermeture des bureaux de vote, dimanche 23 février dans la soirée. Le conservateur Friedrich Merz est clairement le favori des sondages et pourrait devenir le prochain chancelier en Allemagne.
Dans les sondages d'intentions de vote relayés par la chaîne publique allemande ZDF, le camp conservateur CDU/CSU arrive en tête avec environ 30% des intentions de vote, suivi de l'extrême droite AfD (20-22%), des sociaux-démocrates SPD (15-16%) et des Verts (13-14%).