En Catalogne, escalade de la violence avant une "grève générale" ce vendredi

Les affrontements à Barcelone ce mardi soir - LLUIS GENE / AFP
En Catalogne, la nuit de mardi à mercredi a été extrêmement mouvementée. A Barcelone tout d’abord où, après que l’aéroport de la ville a été pris d’assaut par plusieurs milliers de personnes ce lundi, de nombreux manifestants pro-indépendance ont mis en place des barricades sur les principaux axes de la ville, barricades qui ont par la suite été incendiées.
Plus tard dans la nuit, ce sont d’autres communes de la région, qui ont été touchées par des dégradations et incendies qui ont nécessité l’intervention des pompiers et de la police. Selon des chiffres du ministère de l'Intérieur, 29 personnes ont été arrêtées dans la province de Barcelone, 14 dans celle de Tarragone et 8 dans celle de Lérida.
Si la situation est si tendue dans cette région du nord-est de l’Espagne aux volontés indépendantistes, c’est en réaction à la condamnation par la Cour Suprême, en début de semaine, de neuf dirigeants catalans à des peines de prison ferme allant de 9 à 13 ans. Parmi eux, Oriol Junqueras, l’ancien vice-président de Carles Puigdemont au gouvernement catalan.
Le référendum de la discorde
Pour comprendre le pourquoi de cette condamnation, il convient de remonter au 1er octobre 2017. Ce jour-là, le "1-O" comme il est également appelé dans l’imaginaire espagnol, est organisé un référendum d’autodétermination de la Catalogne remporté par les partisans du "oui" à l’indépendance (90% contre 8%). De fait, et malgré une suspension du Tribunal constitutionnel espagnol, l’indépendance de la région est unilatéralement déclarée, sous la houlette du président catalan d’alors, Carles Puidgemont.
A la fin du mois, ce dernier s'exile en Belgique, ce qui n'est pas le cas des neuf autres dirigeants concernés, condamnés en début de semaine pour sédition, mais aussi malversation de fonds publics et désobéissance.
Nouveau Hong-Kong?
Retour en 2019. Ce mardi, de nombreux militants ont pris congé pour protester contre ces peines jugées illégitimes, à l'image de Carles Navarro, un consultant de 49 ans, qui veut attirer l'attention de l'Europe.
"Nous faisons ça pour causer le plus de gêne possible, pour que ça affecte tout le monde, on verra s'ils s'en rendent compte et s'impliquent" dans le conflit, a-t-il expliqué.
Voulant imiter les manifestants pour la démocratie à Hong Kong, les indépendantistes venus en voiture, en transports en commun ou à pied - 10.000 selon le ministère de l'Intérieur - ont bloqué jusque tard dans la nuit les accès de l'aéroport et affronté parfois violemment la police qui a chargé à plusieurs reprises pour les repousser.
Des marches de protestation sont prévues au moins jusqu'à vendredi, jour de "grève générale" et de manifestation de masse à Barcelone, convoquée par les grandes organisations indépendantistes, l'Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium cultural. Ce mercredi, plusieurs centaines de personnes coupaient une autoroute à hauteur de Barcelone en présence de Quim Torra, actuel président de la région.
Quelles options pour Pedro Sanchez?
Selon le gouvernement, la ligne à grande vitesse entre Barcelone et la France a été coupée après un sabotage. Des marches vont partir mercredi de cinq villes catalanes pour converger à Barcelone vendredi, jour de "grève générale" et de manifestation de masse.
Dans la journée de mercredi, plusieurs ministres ont exigé de la part de Quim Torra une condamnation ferme de la violence de ces derniers jours. Comme le souligne encore le quotidien La Vanguardia, le gouvernement de Pedro Sanchez, à quelques jours des élections législatives anticipées de novembre, "n'écarte aucun scénario."
Ainsi, deux solutions s'offrent au gouvernement dans l'hypothèse où les violences se poursuivraient: l'application de la Ley de Seguridad Nacional qui lui permettrait de reprendre la main sur la sécurité de la région, ou bien celle de l'article 155 de la Constitution, censé "forcer" les collectivités autonomes à se plier aux normes nationales dans le cas d'une menace de l'intérêt supérieur du pays.