Des déchets supposés toxiques renvoyés par la Thaïlande, ramenés sur un navire en Albanie

Le porte-conteneurs Moliva, battant pavillon turc, est ancré à Durrës à environ un kilomètre du port, le 28 octobre 2024. - Adnan Beci / AFP
Un navire transportant des centaines de tonnes de déchets industriels, supposés toxiques, est arrivé ce lundi 28 octobre en Albanie, point de départ de ce chargement refusé par la Thaïlande, après une errance en mer de plusieurs mois.
"Le navire est ancré à Durrës, à environ un kilomètre du port", a précisé à l'AFP Jim Puckett, directeur exécutif de l'organisation Basel Action Network (BAN), qui se trouve lui-même dans le principal port albanais, dans l'ouest du pays, où il attendait l'arrivée du bateau ce lundi 28 octobre.
2100 tonnes de déchets suspects
Le porte-conteneurs "Moliva", battant pavillon turc, est chargé, selon la même source, "de 102 conteneurs, soit 2100 tonnes" de déchets suspects, supposés toxiques.
La cargaison avait quitté l'Albanie en juillet dernier. Selon les documents fournis alors aux douanes albanaises, il s'agit de déchets industriels, plus précisément d'"oxyde de fer", dont l'exportation est autorisée.
Mais, d'après les informations transmises au BAN par un lanceur d'alerte, il s'agirait de "poussières de four électrique à arc". Classées dans la catégorie des déchets toxiques, ces poussières doivent être stockées et transportées dans des conditions très strictes.

Demi-tour
Finalement refusés par la Thaïlande, les déchets ont fait demi-tour et ont regagné l'Albanie après plusieurs mois en mer et des escales en Espagne, au Portugal, en Italie et en Turquie.
"Le transfert de ces déchets a suscité beaucoup de controverses. Certains affirment qu'il ne s'agit pas de déchets dangereux. Nous affirmons que nous sommes sûr à 95% qu'il en est question", a déclaré plus tard dans la journée Jim Puckett, en conférence de presse dans le port de Durrës. L'ONG suppose qu'il s'agit de "poussières d'acier collectées par des filtres dans les aciéries d'Elbasan" (centre), a-t-il ajouté.
"Si ce que nous affirmons est vrai (...) cette exportation était une exportation criminelle qui n'aurait jamais dû avoir lieu", s'est insurgé Jim Puckett.
Le Basel Action Network, basée aux États-Unis et dont les représentants devraient être reçus dans la journée au ministère de l'Environnement, demandent aux autorités albanaises de prendre part au prélèvement d'échantillons pour déterminer de quoi il s'agit et identifier "le producteur et l'origine de ces déchets", a expliqué Jim Puckett.
Le parquet de Durrës a ouvert une enquête pour "contrebande de marchandises interdites" et "abus du pouvoir", en coopération avec l'Office européen de lutte antifraude (OLAF).
Dans l'attente de l'arrivée de la cargaison, le parquet avait ordonné ce dimanche 27 octobre "la mise sous séquestre" des conteneurs, afin de préparer leur ouverture dans des circonstances "sécurisées".
L'envoi des déchets industriels par des pays occidentaux pour être sous-traités ailleurs, en Asie ou en Afrique, est un commerce mondial régulièrement dénoncé par les ONG de défense de l'environnement. Il représente entre 44 et 70 milliards d'euros par an, selon leurs estimations.