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Covid-19: le Royaume-Uni veut autoriser les "hugs" en famille, les experts appellent à la prudence

Le Premier ministre britannique doit annoncer ce lundi la possibilité pour les habitants du Royaume-Uni de faire à nouveau des accolades entre amis et en famille.

Le Premier ministre britannique doit annoncer ce lundi la possibilité pour les habitants du Royaume-Uni de faire à nouveau des accolades entre amis et en famille. - Oli Scarff

Boris Johnson doit confirmer ce lundi l'assouplissement de certaines restrictions sanitaires, et notamment la possibilité pour les Britanniques de se faire des câlins entre proches.

Bientôt le retour des câlins au Royaume-Uni. Le Premier ministre britannique Boris Johnson doit annoncer ce lundi que la prochaine étape du calendrier de déconfinement du pays commencera le 17 mai, soit lundi de la semaine prochaine. Parmi les libertés retrouvées figureront notamment la possibilité pour les Britanniques de faire des "hugs" et s'étreindre donc entre proches.

"Alors que nous entrons dans la troisième étape de notre calendrier, il sera possible pour des personnes de se retrouver à l'intérieur [...] avoir aussi des contacts plus intimes entre amis et membres d'une même famille est aussi quelque chose que nous souhaitons voir revenir", a déclaré dimanche le ministre d'Etat Michael Gove, des propos rapportés par le Guardian.

Des câlins "encadrés"?

Selon la professeure Catherine Noakes, membre du SAGE (équivalent du Conseil scientifique au Royaume-Uni, NDLR), ces "hugs" doivent néanmoins être sélectifs et donc réservés qu'à son entourage proche, être courts et doivent aussi éviter les contacts en face-à-face: "Le virus circule par voies respiratoires et vous êtes proche de celles-ci lorsque vous faîtes un câlin."

"Tournez votre tête pour éviter d'être trop proche de celle de votre interlocuteur et portez même un masque", recommande la professeure sur la BBC, ajoutant que le risque pour des grands-parents vaccinés de contracter la maladie en faisant un câlin à leurs petits enfants est quasi-nul.

Si Catherine Noakes est réservée sur le retour de ce geste amical, c'est aussi parce que les experts s'inquiètent de la hausse de cas rapportés positifs au variant indien B.1.617.2 dans le pays: leur nombre a même doublé à certains endroits.

Inquiétude persistante autour du variant indien

Les zones les plus touchées sont très souvent pauvres et précaires, avec une forte présence des minorités ethniques et où la couverture vaccinale est moindre que celle observée dans les autres territoires du Royaume-Uni.

"Nous avons des poches de pauvreté où la transmission est particulièrement élevée. Et là où les contaminations sont plus nombreuses, vous avez évidemment la possibilité de voir les variants nuire à la campagne de vaccination", explique au Guardian la professeure Susan Michie, directrice du Center for Behavior Change, "on ne sait pas quels effets peut avoir le variant indien sur la stratégie vaccinale".

Le 17 mai doit également marquer la réouverture des salles intérieures des pubs et restaurants avec une capacité maximale de six personnes provenant de deux foyers différents par table. Les salles de cinémas et les galeries pourront aussi accueillir de nouveau les passionnés d'arts et cinéphiles.

Pour Paul Hunter, professeur de médecine à l'université d'East Anglia, les signes sont "troublants" mais probablement "pas encore assez forts" pour retarder cette prochaine étape de l'assouplissement du pays: "Nous ne savons pas précisément quelle incidence aura le variant indien sur les personnes déjà vaccinées."

"Le virus n'a pas disparu"

Chercheur en santé mondiale de l'université de Southampton, Michel Head estime dans le Guardian que les autorités devraient encourager les réunions en plein air mais éviter de procéder à de nouveaux allègements tant que l'ensemble de la population adulte n'aura pas accès au vaccin, ultime étape de la vaccination prévue pour la mi-juillet.

"Retrouver des amis et des proches dehors entraîne beaucoup moins de risques. Personnellement je me sentirai mieux dans un stade extérieur aux côtés de milliers de personnes qu'assis dans un cinéma en train de regarder un film et entouré d'une centaine de personnes", a-t-il poursuivi.

Catherine Noakes considère enfin que les Britanniques doivent encore faire preuve de prudence dans les prochaines semaines et ce en dépit d'une nette amélioration de la situation sanitaire: "Le virus, bien que moins présent qu'avant, n'a pas pour autant disparu."

Hugues Garnier Journaliste BFMTV