Centrafrique: l'ONU enquête sur des casques bleus accusés de viol et de meurtre

Des casques bleus de la Minusca, l'opération de l'Onu en Centrafrique, dans un véhicule le 15 septembre 2014 à Bangui - Pacome Pabandji-AFP
La Minusca, mission de l'ONU en Centrafrique, enquête sur des accusations de viol et de meurtres commis par des Casques bleus. L'investigation a été lancée à partir d'informations communiquées ce mardi par Amnesty international. L'ONG rapporte qu'un groupe de soldats est soupçonné du "viol d’une fillette" et de "l'homicide d'un adolescent de 16 ans et de son père",au cours d'une opération armée dans Bangui début août.
La Minusca, tout en "prenant très au sérieux" ces accusations, a déclaré ne "pas être au courant de ces faits". "Il nous faut des faits établis, vérifiables, nous avons ouvert une enquête", a déclaré depuis Bangui son porte-parole Hamadoun Touré.
De son côté Amnesty a demandé à ce "qu’une enquête indépendante soit menée de toute urgence par la justice civile et que les responsables présumés de ces crimes soient suspendus sans délai". L'ONG a indiqué s'être "entretenue avec 15 témoins immédiatement après les faits, ainsi qu’avec la fillette concernée et des membres de sa famille".
Un témoignage de la petite fille et des voisins
"Pendant une perquisition effectuée dans une maison le 2 août vers 2 heures du matin, la fillette s'était cachée dans la salle de bains. Un homme portant, semble-t-il, un Casque bleu et un gilet des forces de maintien de la paix des Nations unies l'a emmenée à l'extérieur et violée derrière un camion", accuse le communiqué. "Je me suis mise à pleurer, alors il m'a giflée fort et a mis la main sur ma bouche", a expliqué la fillette aux délégués d'Amnesty.
Au sujet de l'homicide d'un père et de son fils, Amnesty précise "que Balla Hadji, 61 ans, et son fils Souleimane Hadji, 16 ans, ont été atteints par des tirs devant leur maison". Un voisin ayant assisté à la scène à indiqué à Amnesty que les les Casques bleus "avaient tiré sur tout ce qui bougeait".
Une enquête ouverte "sur toute l'opération"
Le porte-parole de la Minusca a précisé que la mission a ouvert une enquête "sur toute l'opération", qui s'est déroulé dans un quartier difficile d’accès et ouvert au trafic d'armes. "Nous pratiquons une tolérance zéro en matière d'exploitation sexuelle", a-t-il dit. Au sujet de l'accusation d'homicide, il a précisé que les Casques bleus avaient été accueillis dimanche "par des tirs de roquettes et de grenades. C'est difficile de savoir dans ces conditions qui est tué".
La justice française avait également ouvert une enquête au sujet de quatorze militaires français de l'opération Sangaris en Centrafrique, accusés de viols de six enfants, qui auraient été commis entre fin 2013 et début juin 2014.