Avant la COP16 sur la biodiversité, l'éthologue Jane Goodall parle en chimpanzé pour alerter sur l'urgence climatique

Son discours, salué par tous, en a surpris plus d'un. En marge de la COP16 sur la biodiversité, qui s'ouvre ce lundi 21 octobre à Cali (Colombie) et qui réunira quelque 200 pays, Jane Goodall était l'invitée d'honneur samedi de la conférence Une Parole pour l'Histoire au siège de l'Unesco.
Au pupitre, l'éthologue britannique connue dans le monde entier et Messagère de la paix auprès des Nations Unies depuis avril 2002, a pris la parole.
Si elle a tenu à rappeler les dégâts du réchauffement climatique sur la biodiversité, Jane Goodall, 90 ans, a surtout interpellé son auditoire... en chimpanzé. Une "langue" que la scientifique connaît parfaitement, elle qui a vécu seule durant plusieurs années en Tanzanie avec eux.
"C'est moi, c'est Jane"
"C'est un appel à distance, c'est très approprié pour vous qui êtes au balcon", s'est exclamée Jane Goodall après avoir utilisé des "mots" en chimpanzé pour se présenter à la manière d'un grand singe. "Les chimpanzés ont différentes façons d'annoncer leur présence."
La primatologue a demandé à la COP16 biodiversité de prendre des décisions qui "seront suivies d'actions", rappelant que "le temps presse" pour sauver la planète, dans un entretien accordé ce vendredi 18 octobre à l'AFP.
"J'espère que non seulement des décisions seront prises pour protéger la biodiversité (...) mais qu'elles seront suivies d'actions, car le temps des paroles et des fausses promesses est dépassé si nous voulons sauver la planète", a pressé la scientifique.
Le rôle des peuples autochtones
Jane Goodall, qui a évoqué l'importance de l'expérience des populations indigènes, s'est réjouie d'un regain d'intérêt occidental envers ces dernières. "(...) Nous commençons à apprendre d'eux certaines des façons dont ils ont vécu en harmonie avec l'environnement". Un point plus que positif selon l'éthologue.
Un des enjeux de la COP16 est d'ailleurs de faire entendre la voix des peuples autochtones. De plus en plus représentés dans les COP biodiversité, ils sont souvent les plus déçus par les décisions finales.
"Chaque individu est important. Chacun a un rôle à jouer. Chacun d'entre nous a un impact sur la planète chaque jour. Et nous pouvons choisir le type d'impact que nous avons", a déclaré la fervente défenseuse de l'environnement, qui prône l'importance de garder espoir pour sauver la planète.
Jane Goodall a aussi rappelé l'importance de la lutte contre la pauvreté qui, selon elle, va de pair avec la protection de l'environnement. "Nous devons réduire la pauvreté, car les personnes très pauvres détruisent l'environnement pour survivre", a-t-elle argué.
L'éthologue a également tenu à saluer l'action de Paul Watson, opposant à la chasse à la baleine détenu depuis trois mois au Groenland. "J'espère sincèrement que le président Macron accordera l'asile à Paul Watson", a-t-elle déclaré. "C'est un homme courageux. Il s'est battu contre une industrie incroyablement cruelle. Paul Watson a toute mon admiration."