Avant de le rencontrer, Trump multipliait les propos moqueurs à l'égard du Pape

Le président américain Donald Trump traverse la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington DC, le 18 avril 2017. - Mandel Ngan - AFP
Donald Trump et son épouse Melania viennent d'arriver à Rome avant de rencontrer le pape François ce mercredi matin. L'entrevue va mettre en présence deux personnages que tout oppose sur le plan des convictions et du comportement. Les déclarations encore récentes du nouveau président américain en attestent: depuis deux ans, Donald Trump, qui n'était alors que candidat à la candidature républicaine pour la présidence des Etats-Unis, a, à de multiples reprises, raillé ou même fustigé le représentant suprême des catholiques.
"Je lui dis: 'Daesh veut ta peau'"
CNN a signé une vidéo compilant les déclarations les plus incisives du milliardaire à l'encontre du pape François. La première remonte au 20 août 2015. Ce jour-là, Donald Trump fait face à un journaliste. Ce dernier lui pose alors la question suivante: "Le pape croit que le capitalisme peut mener à l’avidité, qu’il peut être vraiment toxique et corrompu, et il vous montre du doigt quand il le dit. Que lui répondez-vous?" L'homme politique et homme d'affaires rétorque: "Je lui dis: ‘Daesh veut ta peau’."
S'il est une chose pour laquelle Donald Trump n'a jamais caché son goût prononcé, ce sont ses scores d'audiences télévisuelles. Le 19 septembre 2015, il lance ainsi lors d'une prise de parole publique: "J’ai même défoncé le pape dans les audiences de chaque chaîne de télé. C’est ma seule occasion de défoncer le pape." Le 3 octobre 2015, faisant allusion à la récente visite du pape dans la ville de Pennsylvanie, il déclare également: "Ils ont envoyé un hélicoptère au-dessus de Philadelphie où le pape se trouvait et ils ont dit que le pape avait réuni un million de personnes et moi j’en avais réuni 20.000. Et on aurait dit que j’avais réuni plus de personnes que lui !"
Les coups se durcissent
Les coups se sont fait plus durs après une déclaration du pape en février 2016 à Mexico: "Une personne qui pense seulement à élever des murs, où qu'ils soient, et non des ponts, n'est pas chrétienne". Le Saint-Père s'attaquait ici à la volonté de Donald Trump d'initier l'édification d'un mur le long de la frontière américano-mexicaine une fois élu. "Si le Vatican était attaqué par Daesh qui, comme chacun sait est le trophée ultime pour eux, je peux vous promettre que le pape n’aurait qu’un vœu et qu’une prière: que Donald Trump ait été président", s'était écrié un Donald Trump déchaîné, en réponse, lors d'un meeting le 18 février.
Ce même jour, il avait assuré que la remise en cause papale de son christianisme (Donald Trump est protestant et ne reconnaît donc pas l'autorité pontificale) était "honteuse". Le 23 février, devant une autre audience, Donald Trump n'avait pas décoléré à ce sujet: "Et le pape a dit des choses à propos de la frontière et que vous ne pouviez pas avoir un mur et j’ai dit: ‘Ouah! Je suis allé au Vatican et c’est le plus mur le plus gros et le plus épais que je n’ai jamais vu.’"
Le pape demande à voir
Il n'aura pas lâché cet angle d'attaque pendant plusieurs semaines car le 27 février, il renchérissait, dans son style aussi lapidaire que décousu: "En gros, les Mexicains ont convaincu le pape que Trump était un méchant parce que je veux une frontière forte et quand le pape a pris conscience- et je peux vous dire que beaucoup de gens ont appelé le Vatican car beaucoup de gens sont d’accord avec moi- mais au moment où il a pris conscience de la criminalité et le reste, le jour d’après il était très bien et ils étaient très sympa." Le 18 mars, enfin, il émettait cette dernière adresse au pape durant un meeting:
"Le pape était en train de parler de l’immigration illégale et quand il s’est rendu compte de ce que ça représentait vraiment, il a été génial. Le pape était d’accord, par bonheur juste avant que les votes ne commencent car nous ne voulons pas nous en prendre à lui, non nous ne voulons pas nous en prendre à lui."
Comme l'avait observé le site de 20 Minutes, le pape François a évoqué le 13 mai dernier sa prochaine rencontre avec le président américain. "Je ne porte jamais de jugement sur une personne sans l’écouter", avait-il dit. L'occasion de mettre un terme à des malentendus... ou de relancer la controverse.