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Autre scandale en Suède après l'affaire Weinstein: le Français Jean-Claude Arnault jugé pour viol

18 femmes affirment avoir subi des violences ou avoir été victimes de harcèlement sexuel de la part de Jean-Claude Arnault.

18 femmes affirment avoir subi des violences ou avoir été victimes de harcèlement sexuel de la part de Jean-Claude Arnault. - Jonas Ekstromer / TT NEWS AGENCY - AFP

Le Français Jean-Claude Arnault, figure de la scène culturelle en Suède, est jugé à partir de ce mercredi pour le viol à deux reprises d’une femme en 2011. Le scandale a provoqué l'implosion de l'Académie suédoise et le report du prix Nobel de littérature 2018.

En novembre dernier, en pleine campagne #MeToo, le quotidien suédois Dagens Nyheter publiait le témoignage de 18 femmes affirmant avoir subi des violences ou avoir été victimes de harcèlement sexuel. Derrière ce nouveau scandale, un nom: celui de Jean-Claude Arnault, un Français installé en Suède depuis plus de quarante ans. Ce mercredi, le photographe doit répondre, devant la justice suédoise, d’une accusation de viol qui aurait eu lieu en 2011.

Le septuagénaire d'origine marseillaise est accusé d'avoir contraint la plaignante à un rapport oral et vaginal dans un appartement de Stockholm, le 5 octobre 2011, puis de l'avoir de nouveau violée dans la nuit du 2 au 3 décembre alors qu'elle dormait, selon l’ordonnance de renvoi consultée par l’AFP. Si Jean-Claude Arnault nie les faits qui lui sont reprochés, le ministère public suédois estime disposer de témoignages crédibles, corroborant le récit de la victime.

L’Académie suédoise ébranlée

Au moment où l’affaire éclate, l’Académie suédoise vacille. Depuis plusieurs années, Jean-Claude Arnault entretenait d'étroits liens avec l’institution des belles-lettres. Marié à Katarina Frostenson, poétesse, dramaturge, et ancienne académicienne, le Français dirigeait le Forum-Nutidsplats för kultur, haut lieu culturel de Stockholm. Ce repaire des académiciens du Nobel – désormais fermé – recevait des concerts de jazz, de musique classique, du théâtre, de la danse contemporaine et bénéficiait de subventions de l’Académie. "Pour mesurer son influence, il suffit de savoir qu'il était considéré par certains comme le 19e membre de l'Académie Nobel, qui en compte 18", raconte à L'Express Matilda Gustavsson, la journaliste qui a révélé l’affaire.

L'Académie lui avait d'ailleurs confié la gestion de l'appartement qu'elle possède à Paris, rue du Cherche-Midi (VIIe arrondissement). Un logement que plusieurs femmes décrivent dans leurs témoignages comme le lieu de leurs agressions.

L’institution a rapidement rompu tout lien avec le Français et son Forum culturel. Reste qu’elle en ressort affaiblie: six de ses 18 membres ont démissionné, dont Katarina Frostenson, et deux d'entre eux ne siègent plus. Paralysée par ces départs – il faut au moins 12 sages pour élire de nouveaux académiciens – l'Académie a annoncé en mai dernier qu'elle ne décernerait pas le prix Nobel de littérature cette année. Une première depuis près de 70 ans.

A.L.