Turquie: le parc Gezi, berceau de la contestation, va rouvrir

Le parc Gezi, le 1er juin dernier, occupé par de nombreux manifestants. - -
Le parc Gezi, jouxtant la place Taksim à Istanbul, bastion de la fronde antigouvernementale, sera rouvert dimanche au public. En revanche, aucune manifestation n'y sera désormais tolérée.
"Nous prévoyons de rouvrir le parc Gezi dimanche ou au plus tard lundi pour qu'il soit mis à la disposition de tous les citoyens", a déclaré à la presse Hüseyin Avni Mutlu, gouverneur de la mégalopole turque
Le responsable a exhorté les Stambouliotes à ne plus utiliser ce jardin, l'un des derniers espaces verts de la ville, pour y organiser des manifestations, avertissant que la police ne le permettrait pas. "Les parcs ne sont pas des lieux pour des protestations. [...] Ils doivent servir d'endroit de repos, de tranquillité pour tous les citoyens", a-t-il souligné.
Le projet de construction invalidé
C'est à cause de ce parc qu'est né en mai dernier un mouvement de contestation sans précédent contre le régime islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002. Des militants écologistes, opposés à l'arrachage des arbres du parc pour un projet de construction, en avaient été violemment délogés le 31 mai dernier par les forces de l'ordre, déclenchant une fronde inédite de trois semaines contre les dirigeants au pouvoir accusés d'autoritarisme et de vouloir islamiser la société.
Des milliers de manifestants ont occupé jour et nuit le parc Gezi avant d'être évacués au cours d'une intervention policière d'envergure le 16 juin. Depuis, le terrain était fermé. La municipalité, qui prévoyait initialement de sacrifier les arbres, y a planté des dizaines d'arbres, agrandissant la surface du parc.
Un tribunal d'Istanbul a invalidé le vaste projet d'urbanisation controversé de Taksim, lancé il y a plusieurs mois, une décision saluée comme une victoire par le collectif "Solidarité Taksim" représentant les manifestants.
Au moins quatre personnes ont péri et plus de 7.800 autres ont été blessées lors des manifestations récentes à travers la Turquie, selon l'Union des médecins de Turquie. Des milliers de personnes ont, par ailleurs, été interpellées, mais la grande majorité d'entre elles ont été relâchées.