BFMTV
Russie

Russie: la condamnation du Français Vinatier décrit comme un "agent de l'étranger" maintenue en appel

Le Français Laurent Vinatier, 47 ans, arrêté en Russie au début du mois de juin 2024 assiste à une séance du tribunal à Moscou le 31 juillet 2024.

Le Français Laurent Vinatier, 47 ans, arrêté en Russie au début du mois de juin 2024 assiste à une séance du tribunal à Moscou le 31 juillet 2024. - Alexander NEMENOV / AFP

L'homme de 48 ans, accusé de ne pas s'être enregistré en tant qu'"agent de l'étranger" lors d'un séjour en Russie, avait reconnu sa culpabilité et présenté ses excuses. Le Quai d'Orsay dénonce une condamnation "arbitraire" et appelle à sa "libération immédiate".

Une peine inchangée. Un tribunal moscovite a maintenu lundi 24 février en appel la condamnation à trois ans de prison du Français Laurent Vinatier, pour ne pas s'être enregistré en tant qu'"agent de l'étranger", ont constaté des journalistes de l'AFP à l'issue d'une audience express.

Moscou a été accusée par le passé par les Occidentaux d'arrêter des ressortissants étrangers pour ensuite négocier des échanges de prisonniers. Les relations entre Moscou et Paris sont en outre glaciales, depuis que le Kremlin a lancé il y a trois ans son assaut contre l'Ukraine, un conflit armé qui a également entrainé une répression sans merci des détracteurs du pouvoir russe.

"Le verdict du tribunal (de première instance) Zamoskvoretski regardant Laurent Vinatier reste inchangé", a indiqué la juge d'appel, Tatiana Sokolova.

À l'énoncé de la sentence, des larmes perlaient dans les yeux du condamné.

Laurent Vinatier "a été arbitrairement condamné" en octobre 2024, déplore le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué, demandant sa "libération immédiate" et l'abrogation de la loi sur les "agents de l'étranger", qui "contribue à une violation systématique des libertés fondamentales en Russie".

"Je reconnais ma culpabilité"

Incarcéré depuis juin 2024, ce chercheur spécialiste de l'espace post-soviétique était employé sur le sol russe par le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels, notamment s'agissant de l'Ukraine.

Les autorités russes accusaient l'homme de 48 ans d'avoir manqué à son obligation de s'enregistrer sous le label d'"agent de l'étranger" alors même qu'il collectait des "informations dans le domaine des activités militaires" pouvant être "utilisées contre la sécurité" de la Russie.

La Russie utilise depuis des années le statut d'"agent de l'étranger" pour réprimer ses détracteurs, mais c'est la première fois qu'un non-russe est incarcéré pour ce motif. L'intéressé avait reconnu les faits, mais plaidé l'ignorance. Il s'est également excusé, espérant l'indulgence de la justice.

"Je reconnais ma culpabilité, et je présente mes excuses à la Russie pour ne pas avoir respecté ses lois", a-t-il répété en russe lundi à la cour, la mine pâle et vêtu d'un pull noir.

Le 14 octobre dernier, le tribunal Zamoskvoretski de Moscou l'avait condamné à trois ans de prison ferme, un verdict jugé "sévère" par les avocats de Laurent Vinatier, qui avaient aussitôt annoncé leur intention de faire appel.

Tensions Moscou-Paris

Selon des sources interrogées par l'AFP, le Français travaillait depuis des années sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine, avant même l'offensive russe de février 2022, dans le cadre de discrets efforts diplomatiques en parallèle à ceux des Etats. Jusqu'à son arrestation, il effectuait des voyages dans les deux pays.

Cette affaire est survenue à un moment où les relations entre Moscou et Paris sont très tendues: la Russie a été accusée d'une série d'actes de déstabilisation et de désinformation sur le territoire français, tandis que la France se voit reprocher son soutien militaire à l'Ukraine ou encore de censurer les médias russes.

Dans un tel contexte, Le Monde, premier quotidien français, avait dénoncé début février "l'expulsion déguisée" de son correspondant à Moscou par les autorités russes, dont l'accréditation de presse venait d'être "annulée".

Cette décision de Moscou était présentée par la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, comme une "mesure de riposte" de Moscou au refus par Paris de délivrer à deux reprises un visa à un journaliste russe du quotidien Komsomolskaïa Pravda. Les autorités françaises ont elles laissé entendre que l'intéressé, réputé proche du pouvoir russe, n'était pas un véritable reporter.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV