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Russie

Moscou fustige les propos "inacceptables" de Macron sur la déstabilisation du Caucase par la Russie

Le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov s'adresse à la presse, à Antalya en Turquie le 10 mars 2022

Le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov s'adresse à la presse, à Antalya en Turquie le 10 mars 2022 - OZAN KOSE © 2019 AFP

Le président français a affirmé sur France 2 que la Russie s'était immiscée dans le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan pour créer le désordre dans le Caucase. La diplomatie russe a dénoncé des déclarations "révoltantes".

Le ministère russe des Affaires étrangères a fustigé jeudi dans un communiqué les propos "inacceptables" tenus mercredi par le président français, Emmanuel Macron. Ce dernier a accusé Moscou de mener une "déstabilisation" du Caucase sur fond de conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan autour de l'enclave du Nagorny Karabakh.

"Les déclarations d'Emmanuel Macron selon lesquelles la Russie se servirait du conflit au Nagorny Karabakh pour déstabiliser le Caucase du Sud sont révoltantes et absolument inacceptables", a déclaré le ministère.

Mercredi, lors d'une interview sur la chaîne France 2, le président français a affirmé: "La Russie s'est immiscée dans ce conflit, elle a manifestement joué le jeu de l'Azerbaïdjan avec une complicité turque et elle est revenue là pour affaiblir l'Arménie".

"C'est une manoeuvre de déstabilisation de la Russie qui, dans le Caucase, cherche à créer le désordre pour tous nous affaiblir et nous diviser", a-t-il estimé.

La Russie alliée de l'Arménie

Aux yeux de la diplomatie russe, ces "propos absurdes du président français prouvent que Paris n'a pas intérêt à établir une paix durable dans la région et mettent en doute la capacité de son pays à y jouer un rôle constructif". "A la différence de la France (...) la Russie a contribué de manière pratique au règlement du conflit", souligne le ministère.

L'Arménie, alliée de la Russie, et l'Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, se sont affrontés lors de deux guerres au cours des trois dernières décennies pour le contrôle du Nagorny Karabakh.

Le conflit de 2020 s'était achevé via un cessez-le-feu et une médiation de la Russie, qui a déployé sur place un contingent de soldats de maintien de la paix. L'Arménie a cédé des territoires qu'elle contrôlait depuis des décennies et Moscou a déployé quelque 2000 soldats russes pour veiller sur cette fragile trêve.

"Ces soldats sont prétendument des garde-frontières", a souligné mercredi Emmanuel Macron. "La Russie a utilisé ce conflit qui datait de plusieurs décennies", a-t-il insisté.

En septembre, au moins 286 personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. L'Union européenne va envoyer "ces jours-ci" une mission civile en Arménie, le long de la frontière avec l'Azerbaïdjan, pour tenter de rétablir la confiance entre les deux pays et contribuer à la délimitation des frontières contestées, a-t-il rappelé.

Le principe de cette mission a été accepté vendredi à Prague à l'issue de plusieurs heures de discussion entre le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, le président du Conseil européen Charles Michel et Emmanuel Macron.

S.C avec AFP