"J'ai peur pour ma vie": un ancien membre de la milice russe Wagner témoigne
Depuis qu'il a quitté la Russie, début octobre, Alexander Zlodeev tente tant bien que mal de se "cacher". "Très peu de gens savent où je suis aujourd'hui", explique l'homme de 53 ans. Ancien membre de la milice Wagner, cette société privée de militaires russes, il a fait le choix de fuir, opposé au pouvoir et à la guerre en Ukraine. Il est à présent considéré comme un "déserteur" par Moscou.
"Une personne que je connais en Russie, un opposant au pouvoir, s'est fait tirer dessus. Alors même si je suis en France, j'ai peur pour ma vie", confie-t-il auprès de BFMTV.
Après avoir quitté la Russie, il a transité quelques jours en Algérie, puis a dû patienter pendant une semaine dans la zone d'attente de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, le temps que le tribunal administratif accepte qu'il entre sur le sol français. Il souhaite à présent obtenir l'asile politique. Car en étant resté en Russie, il aurait sûrement été emprisonné puisqu'il fait partie des personnes mobilisables pour aller combattre en Ukraine.
"De lourdes pertes" dans l'armée russe
Alexander Zlodeev a été membre de la milice Wagner de 2014 à 2017. S'il n'était pas directement envoyé au front, il travaillait dans l'informatique et la logistique au sein de la société privée et a participé à plusieurs missions, notamment dans le Donbass, dans la région de Lougansk, et en Syrie.
Les liens étant très étroits entre la milice Wagner et le ministère de la Défense russe, il pense d'abord s'engager aux côtés de l'armée russe avant de réaliser, en 2017, qu'il est un mercenaire. Un déclic pour Alexander, qui décide de changer de vie en travaillant en tant qu'informaticien dans le privé.
Il assure recevoir encore des nouvelles de certains de ses anciens collègues toujours au sein de la milice mais aussi au ministère de la Défense. "J'ai reçu des messages qui disaient qu'il y avait de lourdes pertes, estimées à plus de 80% des soldats selon l'une de mes connaissances", affirme-t-il.
"Ils me disent aussi que l'ambiance n'est pas bonne, même chez Wagner. J'ai plein de contacts qui me disent qu'ils sont contre la guerre, qu'ils en ont ras-le-bol", explique-t-il auprès de BFMTV.
Des détenus russes envoyés au front
L'homme à la tête de la milice Wagner, Evgueni Prigojine, est un proche de Vladimir Poutine qui n'hésite pas à enroler des détenus dans les prisons russes, faute d'avoir suffisamment de soldats à sa portée. Selon Alexander Zlodeev, ce sont ces prisonniers qui sont envoyés en première ligne, pour aider les autres militaires à comprendre la position des Ukrainiens.
"Personnellement, j'ai été choqué par le fait que des prisonniers soient envoyés dirctement à l'abattoir", dénonce l'ancien membre de Wagner.
"On aurait pu éviter au moins 50% des morts", estime-t-il. "Ce sont des commandants qui souhaitaient s'attirer les faveurs, ou se faire bien voir, qui ont envoyé ces soldats à une mort certaine."
Il faudra attendre encore quelques mois pour savoir si la France accepte d'accorder son asile politique à Alexander.