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Russie

Guerre en Ukraine: premiers pourparlers entre la Russie et l'Ukraine à la frontière biélorusse

Le lieu de la rencontre entre les délégations ukrainiennes et russes au Bélarus

Le lieu de la rencontre entre les délégations ukrainiennes et russes au Bélarus - Sergei KHOLODILIN / BELTA / AFP

Les délégations russe et ukrainienne sont arrivées ce lundi matin à la frontière entre le Bélarus et l'Ukraine pour entamer des négociations, au cinquième jour de l'invasion de l'Ukraine.

Des délégations russe et ukrainienne ont entamé ce lundi des négociations, au cinquième jour de l'invasion de l'Ukraine où le président Volodymyr Zelensky a appelé les troupes russes à "déposer les armes" et réclamé l'intégration immédiate de son pays à l'Union européenne.

Ces premiers pourparlers interviennent alors que l'offensive russe, lancée jeudi, se heurte à une vive résistance de l'armée ukrainienne et que les sanctions d'une ampleur inédite adoptées par les Occidentaux ébranlent l'économie russe.

L'Ukraine exige un "cessez-le-feu immédiat"

L'Ukraine va demander lors de ces discussions - qui se tiennent dans une des résidences du président biélorusse Alexandre Loukachenko sur la frontière ukraino-biélorusse - "un cessez le feu immédiat et le retrait des troupes (russes) du territoire ukrainien", selon la présidence ukrainienne.

Le président Zelensky, qui ne participe pas aux négociations et dont la délégation est conduite par le ministre de la Défense Oleksiï Reznikov, a appelé les soldats russes à "déposer les armes". Il a également demandé à l'UE une intégration "sans délai" de l'Ukraine. ""Je suis sûr que c'est juste. Je suis sûr que c'est possible", a-t-il lancé.

Le négociateur en chef russe, Vladimir Medinski, a lui indiqué vouloir "trouver un accord" avec Kiev qui soit "dans l'intérêt des deux parties".

Le ministère bélarusse des Affaires étrangères a publié une photo de la salle où devaient se tenir les discussions, avec une longue table avec une dizaine de chaises de chaque côté et les drapeaux des trois pays dans le fond.

"Je ne crois pas trop à un résultat", mais "il faut qu'on essaie", avait indiqué la veille le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Kiev résiste toujours

Sur le terrain, l'armée ukrainienne semble résister aux forces russes, qui malgré sa puissance de feu n'a annoncé encore aucune victoire majeure. Lundi, Kiev a indiqué que l'armée russe avait tenté "à plusieurs reprises" dans la nuit de prendre d'assaut la capitale- où le couvre-feu en place une grande partie du weekend a été levé lundi à 8h GMT - mais que toutes les attaques avaient été repoussées.

Dans la ville, de longues queues comptant des dizaines de personnes aux visages fermées se sont formées devant les supermarchés. Dans les rues, des barricades de fortunes gardées par des volontaires armés, bandeaux jaunes aux bras, ont été installées.

L'armée russe a assuré que les civils pouvaient quitter "librement" Kiev et accusé le pouvoir ukrainien de l'utiliser comme "bouclier humain", laissant planer le spectre d'un assaut de grande envergure.

Selon l'état-major ukrainien, Moscou a "ralenti le rythme de l'offensive", même s'ils "tentent toujours d'engranger les succès dans certaines zones".

Tout en reconnaissant pour la première fois dimanche des pertes humaines, sans les chiffrer, Moscou a cependant affirmé avoir établi sa "suprématie aérienne" sur toute l'Ukraine.

Menace nucléaire et sanctions économiques

Vladimir Poutine a lui franchi un nouveau cap dans la menace d'élargir le conflit, en annonçant dimanche "mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte" face aux "déclarations belliqueuses de l'Otan" et aux sanctions "illégitimes" imposées à la Russie.

Les Etats-Unis ont dénoncé une escalade "inacceptable", le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg fustigeant lui une attitude "irresponsable" de Moscou.

Pendant le weekend, les Européens ont durci leurs sanctions économiques contre la Russie, en excluant plusieurs banques russes du système interbancaire international Swift et toute transaction avec la banque centrale de Russie, et en fermant leur espace aérien aux avions russes - une mesure également prise par le Canada.

Pour défendre l'économie et la monnaie nationale, qui battait des records historiques de faiblesse face à l'euro et au dollar lundi matin, la Banque centrale de Russie a annoncé relever de 9,5 à 20% son taux directeur.

Les premiers effets des sanctions croissantes décidées par les Occidentaux ces derniers jours commencent à se faire sentir: la Banque centrale européenne a constaté la "faillite ou faillite probable" de la filiale européenne de la banque russe Sberbank, parmi les plus grandes du pays.

102 civils tués selon l'ONU

Depuis jeudi, quelque 368.000 réfugiés ont fui vers les pays voisins et leur nombre "continue à augmenter", a indiqué dimanche le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés. L'UE a dit s'attendre à plus de sept millions de personnes déplacées.

Une majorité se rend en Pologne, où une importante communauté ukrainienne était déjà installée. Mais Roumanie, Slovaquie, et Hongrie sont aussi concernées. Le bilan du conflit jusqu'ici reste incertain. L'Ukraine a fait état de quelque 200 civils et des dizaines de militaires tués depuis jeudi.

L'ONU a indiqué lundi avoir enregistré 102 civils tués, dont 7 enfants, et 304 blessés, mais a averti que les chiffres réels "sont considérablement" plus élevés.

F.R. avec AFP