Bombardement de Marioupol: Castaner dénonce la "propagande" dans une lettre à l'ambassadeur russe

Christophe Castaner à Evry, le 9 juin 2020 - Ludovic Marin - Pool
Une semaine après le bombardement de l'hôpital pédiatrique de Marioupol, en Ukraine, le 9 mars dernier, dont les images ont ému le monde entier, Christophe Castaner a adressé une lettre virulente à l'ambassadeur de Russie en France, initialement dévoilée par Le Parisien et que s'est procurée BFMTV. La missive fait suite à l'envoi d'un dossier de presse du diplomate aux parlementaires français.
Estimant que "la Russie a franchi un pas de plus dans l'inhumanité de la guerre qu'elle mène injustement à l'Ukraine" en bombardant la maternité de la ville portuaire du sud-est ukrainien, Christophe Castaner s'insurge du "dossier de presse" envoyé, le qualifiant de "mensonger et outrancier, visant à appuyer la propagande et justifier cette attaque innommable".
Le "dossier de presse" de l'ambassade de Russie en France est daté du 11 mars dernier et s'intitulait "au sujet de la prétendue frappe aérienne russe sur la maternité de Marioupol". Une attaque condamnée par le président de la République.
En accroche du document, la diplomatie russe évoquait un "tapage médiatique autour" de ce "prétendu 'bombardement' d'une maternité", estimant qu'il s'agissait-là de "l'apogée de la campagne de désinformation lancée contre l'opération spéciale russe en Ukraine".
"Ce que vous appelez 'dossier de presse'"
"Viser une maternité, c'est vouloir cibler des civils. C'est savoir pertinemment qui seront les premiers touchés: des femmes, des enfants. Certaines sont décédées, dont la femme que vous osez montrer en photo dans ce que vous appelez 'dossier de presse'. Une enfant a aussi perdu la vie", écrit le président du groupe La République en Marche (LaREM) à l'Assemblée nationale.
Les images de cette femme, évacuée sur un brancard avec les décombres en fond, ont beaucoup circulé. Elle est décédée, ainsi que son nouveau-né, a-t-on appris lundi.
"En niant les souffrances causées et les morts engendrés par l'action de votre propre armée, vous franchissez un pas de plus dans l'ignominie", tance également Christophe Castaner, qui dénonce une "tentative de désinformation".
"Sans entrer dans le jeu de la désinformation, je tenais par la présente lettre à dire à nouveau combien je trouve indigne la propagande que vous diffusez via les réseaux sociaux et vos relais", poursuit l'ancien ministre de l'Intérieur.
"Un acte de guerre indigne et amoral"
Christophe Castaner rappelle ensuite qu'Emmanuel Macron "a déjà eu l'occasion d'exprimer la position française à la suite du bombardement de la maternité de Marioupol. C'est un acte de guerre indigne et amoral, que la France condamne avec la plus grande fermeté et qui devra avoir des conséquences dans le cadre des Nations unies".
Le député des Alpes-de-Haute-Provence conclut son texte en priant d'agréer, "l'expression de (ses) salutations depuis un pays libre et fier de sa démocratie".