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Inde: les discours de haine anti-musulmans en hausse sous l'impulsion de Narendra Modi

Le Premier ministre indien Narendra Modi (au centre) salue le ministre en chef de l'État de l'Uttar Pradesh, Yogi Adityanath, après avoir pris un bain sacré dans les eaux sacrées de Sangam, au confluent du Gange, de la Yamuna et des mythiques rivières Saraswati pendant le festival Maha Kumbh Mela, à Prayagraj le 5 février 2025. (Photo d'illustration)

Le Premier ministre indien Narendra Modi (au centre) salue le ministre en chef de l'État de l'Uttar Pradesh, Yogi Adityanath, après avoir pris un bain sacré dans les eaux sacrées de Sangam, au confluent du Gange, de la Yamuna et des mythiques rivières Saraswati pendant le festival Maha Kumbh Mela, à Prayagraj le 5 février 2025. (Photo d'illustration) - Niharika KULKARNI / AFP

Des chercheurs américains ont publié, ce lundi 10 février, un rapport soulignant la hausse "spectaculaire" des discours haineux envers les minorités religieuses, et notamment les musulmans, en Inde en 2024. Dans leur viseur: les positions du parti politique au pouvoir, le parti du nationaliste Narendra Modi.

Les discours de haine à l'encontre des minorités religieuses en Inde ont connu une hausse "spectaculaire" en 2024, selon un rapport publié ce lundi 10 février par un groupe de réflexion basé aux États-Unis. L'India Hate Lab (IHL) affirme que ce phénomène inquiétant est "profondément lié aux ambitions idéologiques du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti au pouvoir, et plus largement au mouvement nationaliste hindou".

Lors des élections législatives de l'an passé, des groupes de défense des droits et des détracteurs ont accusé le Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi et son parti d'avoir intensifié leur rhétorique à l'encontre des musulmans, dans le but de mobiliser l'électorat à majorité hindoue. 

Des "discours prônant la destruction de lieux de culte"

Dans ses meetings, Narendra Modi a notamment qualifié les musulmans d'"infiltrés" et affirmé qu'en cas de victoire, le parti du Congrès, principale force d'opposition, redistribuerait la richesse nationale aux musulmans. Narendra Modi a remporté un troisième mandat en juin 2024, mais a été contraint de former avec ses alliés une coalition gouvernementale pour la première fois en une décennie. 

Des musulmans devant l'effigie en feu du Premier ministre indien Narendra Modi lors d'une manifestation à Lahore le 12 juin 2022. Les manifestants protestaient contre l'ancienne porte-parole du Parti Bharatiya Janata indien, Nupur Sharma, pour ses propos incendiaires sur le prophète Mahomet.
Des musulmans devant l'effigie en feu du Premier ministre indien Narendra Modi lors d'une manifestation à Lahore le 12 juin 2022. Les manifestants protestaient contre l'ancienne porte-parole du Parti Bharatiya Janata indien, Nupur Sharma, pour ses propos incendiaires sur le prophète Mahomet. © Arif ALI / AFP

Les 220 millions de musulmans du pays le plus peuplé de la planète, avec 1,4 milliard d'habitants, sont de plus en plus inquiets pour leur avenir. "Le nombre d'incidents liés à des discours de haine visant les minorités religieuses est passé de 668 en 2023 à 1.165 en 2024, soit une hausse spectaculaire de 74,4%", indique le rapport de l'IHL, soulignant le fait que 2024 soit une année électorale a joué un rôle crucial.

Selon le rapport, 98,5% des discours de haine haineux visaient les musulmans et plus des deux tiers ont eu lieu dans des États contrôlés par le BJP ou ses alliés. Sur ce nombre, plus de 450 ont été prononcés par des dirigeants du BJP, dont 63 par Narendra Modi. Contacté par l'AFP avant sa publication, le BJP n'a pas souhaité faire de commentaire. 

"Les musulmans, en particulier, étaient présentés comme une menace existentielle pour les hindous et la nation indienne", indique l'organisation pour qui "la montée la plus inquiétante a été observée dans les discours prônant la destruction de lieux de culte", les nationalistes hindous multipliant les appels à reprendre des sites religieux aux musulmans. Facebook et YouTube étaient les principales plateformes de diffusion de ces discours, selon l'analyse de l'IHL, ainsi que le réseau social X. 

L'organisation a recensé 266 "discours de haine contre des minorités prononcés par des hauts dirigeants du BJP" lors des élections diffusés simultanément sur YouTube, Facebook et X via les comptes officiels du parti et de ses dirigeants.

C.D. avec AFP