BFMTV
Inde

Crachats, urine dans la nourriture... Deux États en Inde veulent légiférer, l'opposition craint une mesure anti-musulmans

Des volontaires d'une ONG distribuent de la nourriture à Secunderabad (illustration)

Des volontaires d'une ONG distribuent de la nourriture à Secunderabad (illustration) - NOAH SEELAM © 2019 AFP

L'État d'Uttarakhand, dans le nord, et son voisin l'Uttar Pradesh, veulent infliger de lourdes amendes voire des peines de prison pour les personnes contaminant la nourriture. L'opposition à Narendra Modi craint que ces mesures ne servent à stigmatiser les musulmans, déjà opprimés dans le pays.

Près de 1.200 dollars d'amende pour avoir contaminé de la nourriture. Deux États du nord de l'Inde ont annoncé leur volonté d'infliger de lourdes amendes, voire des peines d'emprisonnement aux personnes contaminant des aliments avec des crachats, de la terre ou encore de l'urine.

Comme le rapporte la BBC, l'État d'Uttarakhand va imposer une amende allant jusqu'à 100.000 roupies, soit 1.190 dollars. La police du personnel des hôtels doit désormais obligatoirement surveiller la confection des plats, et des caméras de surveillance doivent être installées dans les cuisines.

L'État voisin de l'Uttar Pradesh s'apprête également à légiférer, les autorités souhaitant imposer à ses employés de restauration de porter masque et gants et demandant d'afficher le nom des propriétaires de chaque établissement servant à manger, en plus de l'installation de caméras. Selon la presse indienne, des peines de prison allant jusqu'à 10 ans sont envisagées.

Discrimination des musulmans?

Ces deux États, dirigés par le BJP, le parti au pouvoir du Premier ministre Narendra Modi, ont suivi des directives du gouvernement, après les diffusions de plusieurs vidéos, non vérifiées et diffusées sur les réseaux sociaux, montrant des vendeurs ambulant crachant dans de la nourriture, ou encore une femme urinant dans le plat qu'elle préparait.

Après la diffusion de ces vidéos, de nombreux commentaires ciblant les musulmans, communauté déjà persécutée en Inde, ont vu le jour. Après vérification de la police, la femme urinant dans de la nourriture s'est en fait avérée être hindoue. L'opposition indienne s'inquiète du fait que ces lois pourraient être utilisées pour discriminer la communauté musulmane.

Pendant la pandémie de Covid-19, une série de fausses vidéos montrant des musulmans en train de cracher, d'éternuer ou de lécher des objets pour infecter des hindous est devenue virale.

Comme l'expliquent encore nos confrères britanniques, la nourriture est un sujet sensible en Inde, car liée à la religion et aux systèmes des castes. Par ailleurs, c'est également un sujet de santé publique dans un pays où 600 millions d'infections liées à de la nourriture sont recensées chaque année, et qui entraîne 400.000 morts par an.

Fanny Rocher