Inde: tempête autour d'un crâne mis aux enchères au Royaume-Uni

Marteau de commissaire priseur lors d'une vente aux enchères (photo d'illustration). - Pexels
La mise aux enchères, semble-t-il sans autorisation, au Royaume-Uni d'un crâne indien vieux de plus de deux siècles a suscité une vive polémique à New Delhi, où autorités, scientifiques et société civile ont exigé son rapatriement immédiat.
Découverte au XIXe siècle dans l'Etat du Nagaland (nord-est), cette tête faisait partie d'un lot d'une série de 25 venus d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique du Sud qui devait être attribué au plus offrant lors d'une vente dans l'Oxfordshire britannique.
Un prix de 2.100 livres
La maison Swan Fine Art l'avait affichée dans son catalogue à un prix de 2.100 livres (2.500 euros) et espérait en tirer jusqu'à 150.000 euros. C'était sans compter avec l'indignation suscitée par sa mise aux enchères, finalement annulée.
"Les restes d'une personne décédée appartiennent à son peuple et sa terre", s'est offusqué par écrit le chef de l'exécutif du Nagaland, Neiphiu Rio.
"Mettre aux enchères au XXIème siècle des restes humains indigènes montre l'impunité dont jouissent les descendants des colonisateurs pour perpétuer le racisme et de la violence coloniale", a renchéri à l'AFP l'anthropologue indienne Dolly Kikon.
"Si nous disposons de lois pour empêcher le trafic des animaux et des oiseaux, pourquoi les gouvernements n'empêchent-ils pas la mise aux enchères des restes indigènes qui ont été volés à leur peuple ?", a-t-elle ajouté.
Une vente "complètement contraire à l'éthique"
Professeure à l'université de Californie à Santa Cruz, Dolly Kikon milite pour rapatrier les restes ancestraux de la communauté naga, notamment ceux exposés dans le Pitt River Museum d'Oxford.
La directrice du musée britannique, Laura Van Broekhoven, a elle-même qualifié la vente de "complètement contraire à l'éthique".
"Pendant tout l'Empire britannique, les Naga étaient définis comme des 'sauvages' et des 'chasseurs de têtes', des stéréotypes qui son perpétués aujourd'hui", a pour sa part dénoncé le prêtre Wati Aier, du Forum pour la réconciliation naga.
Les objets mis en vente par la maison Swan Fine Art provenaient de différentes collections privées de Belgique, France, Allemagne ou Grande-Bretagne.
Ils incluaient également une tête d'Indien jivaro du XVIIIe siècle ayant appartenu au fondateur du magazine de charme américain Playboy, selon le catalogue de la vente.