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Corée du Sud

Corée du Sud: le président Yoon accusé d'avoir autorisé l'armée à tirer pour imposer la loi martiale

Yoon Suk Yeol, ex président de Corée du Sud destitué, ici le 11 décembre 2024

Yoon Suk Yeol, ex président de Corée du Sud destitué, ici le 11 décembre 2024 - Présidence sud-coréenne

Une enquête a été ouverte à l'encontre du président sud-coréen déchu, accusé d'avoir voulu imposer la loi martiale en entrant de force au Parlement.

Le parquet sud-coréen a accusé ce samedi 28 décembre le président déchu Yoon Suk Yeol d'avoir autorisé l'armée à ouvrir le feu pour entrer au Parlement lors de sa tentative ratée d'imposer la loi martiale, à l'origine d'une grave crise politique.

Près d'un mois après ce coup de force, la quatrième économie d'Asie se retrouve dans un chaos politique qui s'est encore aggravé avec la révocation vendredi par les députés du chef de l'Etat par intérim en place depuis moins de deux semaines.

Alors que des nouvelles manifestations pro et anti-Yoon se tenaient ce samedi, le parquet a diffusé le rapport d'inculpation de l'ancien ministre de la Défense, Kim Yong-hyun, considéré comme la personne ayant poussé le président à imposer la loi martiale.

Elle a été proclamée le 3 décembre à la surprise générale, tandis que le président envoyait l'armée au Parlement.

"N'êtes vous pas encore entrés? Que faites-vous? Cassez la porte et sortez-les, même si ça veut dire qu'il faut tirer", a-t-il déclaré le 3 décembre lors d'un appel téléphonique avec le commandant militaire de Séoul, Lee Jin-woo, qui se trouvait près du Parlement, selon le parquet.

"Avec une hache si nécessaire"

Après la proclamation de la loi martiale, des soldats lourdement armés ont pris d'assaut le Parlement, escaladant des barrières, brisant des fenêtres et pour certains, atterrissant en hélicoptère. Selon le rapport de 10 pages, le président a également ordonné au chef du contre-espionnage militaire, le général Kwak Jong-keun, d'"entrer rapidement à l'intérieur" du Parlement.

"Faites sortir les gens à l'intérieur de l'assemblée, détruisez les portes avec une hache si nécessaire", a-t-il déclaré, d'après le parquet, qui ajoute que le président aurait discuté de la loi martiale dès mars avec de hauts responsables militaires.

Alors que les députés s'étaient dépêchés de rejeter la loi martiale à l'aube du 4 décembre, le président Yoon avait affirmé à Lee Jin-woo qu'il la déclarerait "une deuxième et une troisième fois".

L'avocat du président, Yoon Kab-keun, a estimé auprès de l'AFP que ces informations du parquet étaient biaisées et ne correspondaient "ni à des faits objectifs ni à du bon sens".

Des excuses pour "l'angoisse et le désagrément"

Lors d'un discours en décembre, Yoon Suk Yeol avait affirmé ne pas envisager une deuxième tentative de proclamation de loi martiale et s'était excusé pour "l'angoisse et le désagrément". Démis de ses fonctions, il fait l'objet d'une enquête pour "rébellion", un crime passible de la peine de mort et reste officiellement président en attendant un arrêt de la Cour constitutionnelle, qui dispose de six mois pour confirmer ou infirmer la décision des députés.

Dans l'opposition, le député du Parti démocrate Kang Sun-woo a estimé que le rapport du parquet avait "mis au jour la terrible et indéniable vérité sur Yoon Suk Yeol, le meneur de la trahison", réclamant son arrestation "immédiate".

Le Bureau d'enquête sur la corruption, qui centralise les investigations, a déjà convoqué deux fois le président déchu pour l'interroger. Mais Yoon Suk Yeol ne s'est présenté à aucune de ces convocations. Les enquêteurs lui ont adressé jeudi une troisième convocation pour une audition dimanche matin.

Sur le plan politique, la Corée en est à son troisième dirigeant en moins d'un mois: le président par intérim en place depuis la mi-décembre, le Premier ministre Han Duck-soo, a été destitué à son tour vendredi, les députés lui reprochant d'avoir tenté d'entraver l'enquête sur le coup de force de son prédécesseur. Le nouveau chef de l'Etat par intérim, le ministre des Finances, Choi Sang-mok, a promis de "mettre un terme à la crise gouvernementale".

E.F. avec AFP