Pourquoi la Chine soutient (encore) la Corée du Nord?

Kim Jong-un, dirigeant de la Corée du Nord, et son homologue chinois Xi Jinping - -
Le régime de Kim Jong-un continue d'envoyer des signaux apocalyptiques. Après les menaces nucléaires envers les Etats-Unis, la Corée du Nord a suggéré vendredi aux ambassades étrangères de Pyongyang d'envisager des évacuations. Des missiles ont également été installés sur la côte est du pays. Mais pourquoi la Chine, son principal allié, est-elle si silencieuse? Eléments de réponse avec Valérie Niquet, maître de de recherche, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique.
En février lors des essais nucléaires de la Corée du Nord, la Chine était intervenue pour appeler au calme, pourquoi ne se manifeste-t-elle pas à nouveau?
Il y a un mois Pékin a voté une résolution de l’ONU sanctionnant ces essais. C’était plus un engagement symbolique. En l’approuvant, la Chine montrait qu’elle est une puissance responsable, tout en se gardant de s’engager sur le long terme. Si elle n’intervient pas aujourd’hui de manière officielle, elle doit sans doute faire pression discrètement sur la Corée du Nord. Bien que la rhétorique soit plus agressive ces derniers temps, ces menaces nord-coréennes sont régulières.
Donc finalement, les menaces de Pyongyang sur les Etats-Unis n’arrangent pas la Chine?
Absolument. La Corée du Nord n’a aucun intérêt à se mettre la Chine à dos. C’est son premier partenaire commercial. Mais aussi son seul pipeline pour être alimenté en pétrole. Et sans pétrole, aucune guerre n’est possible. De manière plus générale, si la Corée du Nord voulait faire une démonstration de force en lançant un missile avec une tête nucléaire, cela se transformerait en conflit militaire entre la Chine et les Etats-Unis. Or, la Chine ne va pas entrer en guerre contre les Etats-Unis pour "faire plaisir" à la Corée du Nord.
Alors quel intérêt pour la Chine à soutenir la Corée du Nord?
C’est un jeu un peu complexe, mais avant tout stratégique. La Chine n’est pas favorable à la réunification des deux Corées. En cause, notamment, le flot de réfugiés que cela entraînerait. Mais surtout, dans ce cas de figure, ce serait la Corée du Sud qui reprendrait les rênes du pays entier, et non le régime de de Kim Jong-un, trop fragile. Or, Séoul est un allié de Washington. Ce qui permettrait aux Etats-Unis d’étendre leur puissance dans la région.