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Corée du Nord

Kim Jong-un: des écoles suisses à "Killer Kim"

Kim Jong-un, le leader nord-coréen

Kim Jong-un, le leader nord-coréen - STR-KCNA via KNS-AFP

Alors qu'il a passé une partie de sa jeunesse en Suisse, Kim Jong-un s'inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs, tyrans de la Corée du Nord de pères en fils. Portrait.

À la tête d'un des pays les plus secrets au monde, le dictateur nord-coréen fait trembler la planète. Aux commandes de la Corée du Nord depuis fin 2011, Kim Jong-un, 34 ans, dirige le nord de la péninsule d'une main de fer depuis le décès de son tyran de père. Chef suprême du pays, président du Parti du travail et de l'armée populaire, Kim Jong-un avait pourtant suscité un espoir d'ouverture lors de son arrivée au pouvoir.

"Il sympathisait avec des élèves venant de pays ennemis"

Car le leader nord-coréen a vécu à l'étranger. Il a passé près de dix ans de son enfance en Suisse, avec son frère et sa sœur, sous le faux nom de Hun Pak. Durant sa scolarité près de Berne, il est un adolescent passionné de basketball américain. Il aime le ski, les films de Jean-Claude Van Damme et de Jackie Chan. L'un de ses anciens camarades de classe se souvient d'un garçon "très drôle", "toujours prêt à rire", témoigne-t-il pour le quotidien britannique The Mirror. 

"Il avait le sens de l'humour, sympathisait avec tout le monde, même avec des élèves venant de pays ennemis de la Corée du Nord", raconte un autre au journal Allemand Welt am Sonntag.

Un garçon colérique, selon sa tante

Dans un entretien au Washington Post, sa tante qui s'occupait alors de lui décrit un garçon colérique et peu tolérant. Malgré cette ouverture au monde extérieur, une conception totalitaire du pouvoir, fondée sur la terreur, lui est inculquée. Lorsque son père est victime d'un AVC, il est désigné comme son successeur, ses deux frères aînés sont écartés, et il grimpe rapidement les échelons.

Depuis le début de l'année, Kim Jong-un a mené 18 tirs de missiles; plus de 80 depuis sa prise du pouvoir. Il a également mené plusieurs essais nucléaires souterrains, dont le sixième dimanche d'une bombe H. À titre de comparaison, son père et prédécesseur Kim Jong-il n'avait mené que 16 tests de missiles durant ses quelque 17 années de règne.

Du régime aux abois à la menace internationale

Selon Boris Toucas, chercheur au Center for Strategic and International Studies, le régime agit de manière "calculée et séquentielle" depuis l'arrivée de Kim Jong-un au pouvoir. 

"Kim Jong-un, en dégageant une image de détermination et de personnage fort et autoritaire, sert sa propre propagande interne afin d'afficher sa légitimité à diriger le pays, mais aussi externe. La Corée du Nord est devenue ce qu'elle voulait être: pas seulement un trublion mais une véritable menace, un État avec lequel il faut compter. Dans les années 1990, le régime était aux abois. Aujourd'hui, il représente un danger régional et international", analyse-t-il pour BFMTV.com.

Surnommé "Killer Kim"

Comme le faisaient son père et son grand-père, Kim Il-sung -fondateur de la dynastie et premier dirigeant de la Corée du Nord, proclamé "président éternel"- Kim Jong-un réprime sans pitié sa population. Les camps de prisonniers se sont agrandis depuis son arrivée au pouvoir. Il a même été surnommé "Killer Kim", soit "Kim le tueur".

Les purges sont légion. Aussi bien des dignitaires, sa garde rapprochée que son ancienne petite amie, une chanteuse, éliminée avec les onze membres de sa troupe. En 2013, Kim Jong-un a fait arrêter et exécuter son oncle et mentor accusé de trahison, ainsi que plusieurs membres de sa famille. Il aurait également fait empoisonner l'épouse de ce dernier, sa tante.

Un "bon père" de famille

En 2015, le ministre de la Défense a été tué au tir de canon anti-aérien, coupable de s'être assoupi lors d'une cérémonie militaire. La même année, Kim Jong-un a ordonné le passage par les armes de quinze responsables, dont deux vice-ministres, pour avoir remis en cause son autorité. Et début 2017, le demi-frère du dictateur nord-coréen est mort empoisonné dans d'étranges circonstances en Malaisie. Un meurtre qui n'est pas anodin.

"Il a été empoisonné par l'utilisation d'une arme chimique. Cet empoisonnement est à la fois le règlement d'une affaire personnelle mais aussi un message envoyé au reste du monde montrant le potentiel du régime à utiliser une arme chimique", ajoute Boris Toucas.

Du côté de sa vie privée, le secret est toujours autant cultivé. Kim Jong-un est marié à Ri Sol-Ju, une chanteuse, qui a accouché au mois de février dernier de leur troisième enfant. Elle est apparue publiquement à ses côtés à différentes reprises mais était particulièrement discrète ces derniers mois. L'ancienne star du NBA Dennis Rodman est le seul à avoir rencontré la petite famille lors d'un séjour à Pyongyang, il lui a même chanté Joyeux anniversaire.

Le retraité du basket avait alors qualifié le dirigeant nord-coréen de "bon père" qui a une "famille bien".

Céline Hussonnois-Alaya