Pour la première fois depuis 30 ans, la veillée pour Tiananmen interdite à Hong Kong

Un soldat chinois sur la place Tiananmen à Pékin, le 4 septembre 2018 (illustration). - NICOLAS ASFOURI / AFP
La police de Hong Kong a, pour la première fois depuis 30 ans, refusé d'autoriser la veillée annuelle du 4 juin à la mémoire des victimes de la sanglante intervention de l'armée chinoise de 1989 sur la place de Tiananmen au cœur de Pékin.
Il s'agit du seul endroit de Chine où l'événement est commémoré. Une illustration des libertés uniques qu'autorise le principe "un pays, deux systèmes" qui avait présidé à la rétrocession de Hong Kong en 1997.
Les risques liés au coronavirus comme justification de l'interdiction de la veillée
Dans une lettre datée de lundi, la police hongkongaise a expliqué l'interdiction de la tenue de la veillée par le fait qu'elle constituerait "une menace majeure pour la vie et la santé publique".
En effet, bien que Hong Kong ait su endiguer l'épidémie du Covid-19 contaminant seulement un millier de personnes et tué quatre personnes et que aucun cas de contamination locale n'avait été enregistré pendant deux semaines, la ville vient d'en répertorier cinq en deux jours.
Le mouvement pro-démocratique doutant de cette explication
A Hong Kong, les bars, restaurants, cinémas et autres lieux publics ont rouvert ces dernières semaines. Les organisateurs de la veillée accusent donc l'exécutif, directement aligné avec Pékin, de se servir du virus pour empêcher la tenue d'un événement qui irrite le gouvernement central.
"Je ne vois pas pourquoi le gouvernement juge les rassemblements politiques inacceptables alors qu'il donne son feu vert à la réouverture des écoles et autres lieux comme les karaokés ou les piscines", a déclaré aux journalistes Lee Cheuk-yan, président de l'Alliance de soutien des mouvements patriotiques démocratiques de Chine, qui organise la veillée depuis 1990
L'Alliance a appelé les habitants de la ville a allumé où qu'ils soient une bougie et observer une minute de silence, jeudi soir. "Si nous ne sommes pas autorisés à allumer une bougie lors d'une manifestation, alors nous allumerons des bougies dans toute la ville", a-t-il dit.
Un contexte politique tendu à Hong Kong
L'an passé déjà la veillée s'était déroulée dans un contexte politique tendu puisque l'exécutif pro-Pékin tentait d'imposer un texte qui devait permettre d'autoriser les extraditions vers la Chine, débutant sept mois de manifestations et actions quasi quotidiennes dans la région semi-autonome.
Le 31ème anniversaire de Tiananmen intervient à nouveau dans un contexte tendu à Hong Kong. Alors que beaucoup s'attendait à une reprise de la contestation avec la levée des restrictions liées au coronavirus, Pékin a pris les devants en choisissant d'imposer à sa région semi-autonome une loi controversée sur la sécurité nationale. Pékin affirme que ce texte est nécessaire pour lutter contre le terrorisme et le séparatisme, et ne passera pas devant le Parlement hongkongais.
Le mouvement pro-démocratie y voit une négation de la semi-autonomie locale et l'atteinte la plus grave à ce jour au principe "Un pays, deux systèmes" censé garantir à la ville des libertés inconnues dans le reste du pays.