Manifestations prodémocratie à Hong Kong: quatrième nuit de heurts

Quatrième nuit consécutive de violences, à Hong Kong, entre policiers et militants prodémocratie. - Philippe Lopez - AFP
Le mouvement prodémocratie a accusé dimanche la police d'avoir fait un usage excessif de la force après une nouvelle nuit de heurts violents à Hong Kong, où un ministre a prévenu que les manifestations qui entrent dans leur quatrième semaine avaient atteint un point "critique".
Manifestants évacués sur des civières
Des dizaines de policiers en tenue antiémeute ont chargé durant les premières heures dimanche un groupe de manifestants à Mongkok, l'un des trois sites occupés par les protestataires dans l'ancienne colonie britannique aujourd'hui sous tutelle chinoise, les frappant à coups de bâtons. Vingt personnes ont été blessées, a dit le gouvernement local, sans préciser s'il s'agissait de policiers ou de manifestants.
Certains manifestants ont été évacués sur des civières, d'autres ont été soignés pour des blessures à la tête, des fractures et des contusions, selon des journalistes de l'AFP et des sources médicales.
Versions divergentes
Policiers et manifestants ont livré des versions divergentes sur les causes de cette quatrième nuit consécutive de troubles à Mongkok, quartier très densément peuplé situé sur le continent, en face de l'île de Hong Kong.
La police, qui tentait de rouvrir à la circulation une artère importante, a assuré avoir fait preuve de retenue et avoir agi au moment où les protestataires avaient "soudainement tenté de forcer" ses cordons. Les manifestants ont eux expliqué qu'ils n'avaient rien fait pour provoquer les policiers. Ceux-ci ont chargé lorsqu'ils ont ouvert leurs parapluies, devenus le symbole de la mobilisation pour réclamer davantage de libertés démocratiques, et les ont posés sur des barricades, ont-ils dit.
Appels au calme
"La police a violé le principe" selon lequel il faut "faire un usage minimum de la force face à des manifestants pacifiques", a réagi James Hon, de la Ligue de défense de la liberté de Hong Kong, qui réunit des professionnels concernés par ce qu'ils considèrent comme l'érosion des libertés dans l'ancienne colonie britannique.
Le gouvernement se propose de rencontrer les étudiants, le fer de lance du mouvement, mardi. Carrie Lam, numéro deux de l'exécutif local, a expliqué que les pourparlers, qui seront diffusés en direct, se focaliseraient sur la réforme constitutionnelle. Peu d'observateurs s'attendent à ce que Pékin, qui craint la contagion démocratique, fasse la moindre concession.
Ed Chin, membre du principal mouvement prodémocratie Occupy Central, a toutefois appelé le gouvernement à entendre les revendications des manifestants. "C'est un problème politique, pas de maintien de l'ordre", a-t-il dit lors d'un point de presse, demandant aux protestataires "fatigués ou malades" de rentrer chez eux jusqu'à mardi.
"La police doit promettre au public de ne pas faire usage de la violence pendant trois jours pour calmer les esprits parce qu'il peut y avoir un esprit de revanche" chez certains, a dit le révérend Fung Chi-wood. Il a aussi appelé les manifestants au calme: "restons où nous sommes, ne forçons pas les barrages", a-t-il dit. "Calmez vous. N'oubliez pas notre but premier", pouvait-on lire sur des affiches placardées à Mongkok.