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Chine

L'étrange disparition du président d'Interpol

Meng Hongwei prononce un discours lors du Congrès mondial d'Interpol, le 4 juillet 2017.

Meng Hongwei prononce un discours lors du Congrès mondial d'Interpol, le 4 juillet 2017. - Roslan Rahman - AFP

Alors qu'il est porté disparu depuis plus de dix jours, Interpol a annoncé ce dimanche soir la démission de son président depuis novembre 2016, Meng Hongwei, tandis que Pékin a annoncé l'ouverture d'une enquête à son sujet en Chine, après des soupçons de corruption.

Qu'est-il arrivé à Meng Hongwei? Le mystère s'épaissit chaque jour un peu plus autour de la disparition, depuis une dizaine de jours, du président d'Interpol, dont l'organisation internationale basée à Lyon a finalement annoncé la démission ce dimanche soir. Plus tôt dans la journée, Pékin avait indiqué que le désormais ex-président de 64 ans, soupçonné d'avoir "violé la loi", faisait l'objet d'une enquête en Chine. Le point sur ce que l'on sait. 

> Un dernier message inquiétant

Grace Meng, l'épouse du vice-ministre chinois à la Sécurité publique, qui était arrivé à la tête d'Interpol depuis novembre 2016, avait signalé la disparition "inquiétante" de son mari à la police française jeudi dernier, après plusieurs jours sans nouvelles.

Elle-même placée sous protection policière pour avoir reçu des menaces, Grace Meng a fait part dimanche de sa vive inquiétude, en révélant que le dernier message reçu de son époux datait du 25 septembre, alors qu'il venait d'arriver en Chine. Et le contenu de ce message, un simple émoticône représentant un couteau, était pour le moins alarmant. Un précédent texto disait simplement: "Attends mon appel." 

> "En danger"

Alors qu'elle n'a plus reçu de nouvelles depuis, Grace Meng a estimé dimanche qu'il s'agit de la preuve que son mari est "en danger". Pour elle, le sort réservé à son époux, sous les yeux de l'opinion publique mondiale, relève de la "ruine politique".

"Tant que je ne le vois pas en face de moi, en train de me parler, je ne peux pas avoir confiance", a dit celle qui vit à Lyon avec leurs deux enfants. Elle s'est exprimée dos aux caméras, refusant également d'être photographiée de face.

> Démission et pots-de-vin

Alors qu'une enquête pour disparition a été ouverte en France, Pékin a annoncé dimanche que Meng Hongwei est visé par une enquête en Chine car il est soupçonné d'avoir "violé la loi". L'annonce avait été faite par la Commission centrale d'inspection disciplinaire du Parti communiste chinois, chargée de la répression de la corruption de fonctionnaires.

Dans la foulée, Interpol a annoncé dimanche soir la démission "avec effet immédiat" de son président. "Aujourd'hui, dimanche 7 octobre, le secrétariat général d'Interpol à Lyon, en France, a reçu la démission de Meng Hongwei, en tant que président d'Interpol, avec effet immédiat", selon un communiqué posté sur Twitter.

L'ultime rebondissement en date est venu de Pékin, qui a affirmé ce lundi dans un communiqué que Meng Hongwei "a accepté des pots-de-vin". Le texte ne précise pas si les accusations imputées relèvent de ses fonctions ministérielles ou bien de celles qu'il exerçait à Interpol. Il n'est pas non plus précisé s'il a ou non été placé en détention.

> Victime de la purge politique en Chine?

Selon un quotidien de Hong Kong, Meng Hongwei serait détenu par les autorités chinoises, qui l'auraient arrêté dès son atterrissage en Chine, fin septembre.

Face à cette situation, Interpol a demandé des explications à la Chine. "Interpol a demandé aux autorités chinoises une clarification à propos du président Meng Hongwei et attend une réponse officielle concernant son état", a ainsi fait savoir le secrétariat général de l'organisation internationale. Mais il a reçu pour seule réponse que le désormais ex-président faisait l'objet d'une enquête. 

Ce n'est pas la première fois que des personnalités de haut rang de la diaspora chinoise, en France ou dans d'autres pays, manquent subitement à l'appel sur fond de campagne anti-corruption menée par Pékin, soupçonnée de servir en même temps de purge politique. Une tendance qui s'est amplifiée depuis l'arrivée de Xi Jinping au pouvoir, en 2012.

A.S.