Elections à Hong Kong: invalidation de la candidature de Joshua Wong, figure du camp pro-démocratie

Joshua Wong, accompagné d'activistes et juristes pro-démocratie, parle à la presse devant le Conseil Législatif, le 29 octobre 2019 - Anthony Wallace / AFP
Joshua Wong, figure du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, a annoncé ce mardi que sa candidature aux élections locales avait été invalidée, alors que l'ex-colonie britannique vit sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997.
La défense de l'autodétermination ne passe pas
Pour avoir été en 2014 le "visage" du Mouvement des Parapluies qui avait paralysé la ville pendant 79 jours, l'étudiant en science politique de 22 ans est l'une des personnalités les plus connues de la contestation actuelle, quand bien même la mobilisation qui a débuté en juin n'a aucun responsable désigné.
"Je condamne fortement le fait que le gouvernement se livre à un filtrage politique et à de la censure, et me prive de mes droits politiques", a déclaré l'étudiant dans un communiqué sur sa page Facebook. Joshua Wong a indiqué qu'un responsable de l'organisation des élections locales de novembre avait jugé que sa candidature n'était pas valable.
Un porte-parole du gouvernement a indiqué que ce rejet s'expliquait par le fait que Joshua Wong ait défendu le droit à "l'autodétermination" de Hong Kong, qui est contraire à l'esprit de la Loi fondamentale, la "mini-constitution" de l'ex-colonie britannique. "Le candidat ne respecte pas les prérequis fixés par les lois électorales compétentes", a déclaré ce porte-parole.
Tensions entre le gouvernement et le parti de Joshua Wong
Joshua Wong et son parti, Demosisto, ont démenti avoir pour objectif l'indépendance du territoire, qui est de toute façon un tabou absolu pour le président chinois Xi Jinping qui affirme de plus en plus la nécessité de préserver l'intégrité du pays.
Le porte-parole du gouvernement a cependant démenti tout acte de censure de la part de la commission électorale avant les scrutins locaux du 24 novembre qui doivent renouveler les conseils de districts. "Il n'est nullement question de censure politique, de restriction de la liberté de parole ou de privation du droit à se présenter aux élections, comme l'affirment certains", a-t-il dit.
Hong Kong connaît depuis début juin des manifestations quasi quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés et l'ingérence grandissante de la Chine dans les affaires de sa région semi-autonome, mais aussi pour exiger des réformes démocratiques. Aux manifestations massives des premières semaines ont succédé des actions de moindre ampleur mais qui dégénèrent de plus en plus souvent en affrontements de plus en plus violents entre forces de l'ordre et radicaux.
L'opposition dénonce un acte de truquage des élections
Pour certains, cette décision pourrait encourager les manifestants à poursuivre le combat. "Si vous continuez de truquer les seules élections disponibles, vous allez faire que beaucoup de personnes à Hong Kong vont penser que la seule façon de se faire entendre est de descendre dans les rues", a déclaré sur Twitter Maya Wang, de l'organisation Human Rights Watch.
L'an dernier, une autre membre de Demosisto, Agnes Chow n'avait pas eu le droit de se présenter lors d'une élection partielle pour un siège du Conseil législatif (LegCo, le Parlement local) au motif que son mouvement préconisait l'autodétermination.
En 2016 et 2017, Pékin avait obtenu la disqualification de six députés qui avaient volontairement écorché leur prestation de serment. Certains étaient des vétérans du combat pour la démocratie à Hong Kong, d'autres des membres d'une nouvelle mouvance radicale demandant l'indépendance.