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Chine

Chine: tollé après la restauration ratée d'un tronçon de la Grande Muraille

Une rue de Pekin.

Une rue de Pekin. - Nicolas ASFOURI - AFP

Les autorités chinoises ont entrepris de réparer une section de la Grande Muraille qui tombait en décrépitude, au nord-est du pays. Mais les travaux, faits à la va-vite, la font désormais ressembler à un long mur de béton.

Une rampe de skateboard en ciment plantée au beau milieu de la nature? Non: il s'agit bel et bien d'un tronçon de la Grande Muraille de Chine. Depuis plusieurs jours, les autorités chinoises sont pointées du doigt de toutes parts pour leur réparation "bâclée" d'une portion de la Grande Muraille vieille de plus de 700 ans, au nord-est du pays.

Chez les spécialistes de la conservation de la Grande Muraille, les internautes ou dans les médias... Les critiques sont acerbes contre une rénovation qui a effacé toutes les caractéristiques distinctives de cette partie de cet immense mur qui s'étend sur des dizaines de milliers de kilomètres et fait la fierté des Chinois.

"Du vandalisme perpétré au nom de la préservation"

Le tronçon en question, dont la construction a débuté en 1381, se situe à la limite des provinces du Hebei et du Liaoning, explique le New York Times, qui fait état de la réparation de quelque 1,2 miles (environ 1,9 kilomètre). 

Avec le temps, l’érosion et le passage des touristes, il s'était beaucoup détérioré et des briques étaient tombées. D'où la décision des autorités d'intervenir. Une substance blanche - les responsables chinois assurent ne pas avoir utilisé de ciment mais un mélange de chaux et de sable - a donc été appliquée sur les pierres érodées, qui étaient en train de s’effriter. A la va-vite.

Les travaux avaient commencé il y a deux ans, mais la réparation ratée s’est retrouvé au centre de l’attention mercredi quand un journal local, The Huashang Morning News, a décrit ce qui avait été fait. Le journal The Beijing News, très lu dans la capitale chinoise, l'a également mise en Une.

"C’est du vandalisme perpétré au nom de la préservation", tempête Liu Fusheng, un agent en charge des parcs dans le comté, l'un des premiers à s'être indigné du résultat, cité par le quotidien américain. "Même les petits enfants ici savent que cette réparation de la Grande Muraille a été bâclée."

"Erreur extrêmement rudimentaire"

D'après M. Liu, qui a passé quinze ans à étudier cette portion de la Grande Muraille, les autorités chinoises ont décidé de lancer les réparations car elles craignaient que le mur ne s’effondre entièrement. Mais dans leur hâte, elles ont gommé ce qui fait de la Grande Muraille un trésor national: ses créneaux et même des tours. De quoi décourager les touristes de venir l'admirer dans la région.

"Auparavant, les tours avaient des pierres sculptées, mais elles s’étaient écroulées avant les réparations", rappelle-t-il. "Ils n’ont pas remis les sculptures murales là où elles étaient et les ont juste mises de côté. Ils ont utilisé de nouvelles briques pour combler les trous, et ça a permis d’économiser beaucoup."

Le vice-président de la société de la Grande Muraille de Chine, un expert en matière de préservation de ce mur érigé par la dynastie Ming pour repousser les nomades des steppes, a pour sa part dénoncé une "erreur extrêmement rudimentaire".

"Peu importe si on a utilisé de la chaux ou du ciment", tempête-t-il. Réparer (la Grande Muraille) comme ça a effacé toute la culture et l’histoire".
V.R.