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Boeing disparu: comment l'avion a-t-il pu "disparaître"?

Un pilote indonésien menant des recherches pour retrouver la trace du Boeing 777 de la Malaysia Airlines disparu vendredi soir

Un pilote indonésien menant des recherches pour retrouver la trace du Boeing 777 de la Malaysia Airlines disparu vendredi soir - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

La disparition du Boeing 777 de Malaysia Airlines, survenue il y a près de trois jours entre la Malaisie et le Vietnam, reste un mystère. Comment un tel appareil a-t-il pu disparaître des écrans radars? BFMTV.com a posé la question à des spécialistes.

Si d'importants secours navals et aériens ont été engagés pour tenter de retrouver le Boeing 777 de Malaysia Airlines disparu il y a près de trois jours entre la Malaisie et le Vietnam, les recherches demeurent infructeuses. Des débris présumés, une traînée de carburant ou encore un radeau de survie retourné... les différentes pistes s'évanouissent les unes après les autres.

L'appareil, pourtant "apte" au vol, transportait 239 passagers et membres d'équipage. Aucun signal de détresse n'a été envoyé et les conditions météo étaient optimales. Comment s'est-il volatilisé? Comment est-ce même possible? Jean Serrat, ancien commandant de bord, Yann Cochennec, journaliste à Air&Cosmos, et Christophe Naudin, spécialiste des questions de sécurité aérienne, nous apportent quelques élements de réponse.

> Quels incidents peuvent être à l'origine de la disparition?

• Une dislocation de l'avion en plein vol. Première hypothèse, l'appareil se serait disloqué par le biais d'un dysfonctionnement ou d'une rupture majeure, "comme la rupture d'une aile, un problème avec la dérive, ou l'arrêt des deux moteurs en même temps", avance Yann Cochennec. "Il faudrait une cassure mécanique d'une pièce importante", résume-t-il.

Mais la thèse est très peu probable: "Un avion ne se casse pas tout seul en vol, surtout que celui-là est neuf, que l'équipage est compétent et qu'il est bien entretenu", souligne Christophe Naudin.

• Un attentat terroriste. Cette seconde hypothèse est sans doute la plus vraisemblable, et ce qui expliquerait qu'aucun appel de détresse n'ait été lancé depuis l'appareil. "L'équipage n'a pas eu le temps de communiquer", rappelle le spécialiste, pour qui le possible demi-tour de l'appareil vers Kuala Lumpur, peu de temps après le décollage, est hautement suspect. D'autant que deux passagers au moins voyageaient sous une fausse identité, grâce à des passeports dérobés à des Européens. Une enquête pour terrorisme a par ailleurs été ouverte par les autorités malaisiennes.

> Comment l'avion a-t-il pu disparaître des écrans radars?

• Un système pas en permanence connecté. Il existe trois moyens de détecter un appareil en vol, souligne Jean Serrat: "les radars de contrôle, le contact radio, et le boîtier ACARS (Aircraft Communication Addressing and Reporting System) qui permet d'envoyer au sol toutes sortes d'informations sur l'avion (températures de la cabine, positions des gouvernes etc.) en temps réel. Ces données, dont la compagnie aérienne n'a pas encore fait état, devraient en outre livrer des indices.

Ainsi, pour disparaître des écrans radars, il faut par exemple que l'avion descende sous une certaine altitude et ne soit plus repérable par le système. Ou encore que l'engin entre dans une zone "désertique", comme cela a été le cas avec le Rio-Paris, qui était entré dans "une zone de silence" au-dessus de l'Atlantique, explique l'ancien pilote de ligne.

• Un problème avec la radio. Là aussi, il s'agit d'une thèse peu recevable. A la différence de l'Atlantique, la couverture radar est très bonne dans le golfe de Thaïlande. Et si l'avion avait disparu des écrans, il reste toujours la radio. Or, à moins que celui-ci ne se soit disloqué, aucun contact radio n'a été lancé. Ce qui demeure l'élément le plus troublant. 

> Pourquoi l'avion est-il introuvable?

• Les recherches prennent du temps. Si les équipes de secours peinent à trouver des élements matériels, c'est que, tant que l'on ignore la localisation exacte de l'appareil, les recherches peuvent prendre beaucoup de temps. "Même si le signal de l'avion a été perdu seulement une heure après son décollage, étant donné sa vitesse de 800 km/h, l'appareil peut se trouver à des centaines de kilomètres de son point de départ, dans une zone dont la superficie serait égale à celle de la France", explique Jean Serrat.

• Extension de la zone de recherche. Ainsi, en l'absence de toute trace de l'avion, la Malaisie a annoncé ce lundi l'extension de la zone de recherches. "La zone de recherches a été étendue en mer de Chine méridionale" de 50 milles marins (environ 90 km) à 100 milles de rayon autour du lieu où le contrôle aérien a perdu le contact avec l'appareil, entre l'est de la Malaisie et le sud du Vietnam, a déclaré le chef de l'aviation civile malaisienne.

Mélanie Godey et Maxence Kagni