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Amérique du Nord

Trump a bloqué le communiqué de la Maison Blanche sur la mort de McCain

John McCain et Donald Trump s'opposaient en tous points.

John McCain et Donald Trump s'opposaient en tous points. - Mandel Ngan ; Brendan Smialowski - AFP

Samedi, lors de l'annonce de la mort de John McCain, le président américain a court-circuité le communiqué officiel prévu par la Maison Blanche en postant un message pour le moins laconique sur Twitter.

Le communiqué saluait l'héroïsme et la vie de John McCain, mais il n'a finalement pas été diffusé. Samedi, après l'annonce de la mort du sénateur américain de 81 ans des suites d'un cancer du cerveau, Donald Trump a préféré bloquer la diffusion d'un texte élogieux à l'encontre de John McCain, que les équipes de la Maison Blanche avait préparé, révèle le Washington Post.

Un communiqué remplacé par un bref tweet

Le texte -qui était donc prêt avant l'annonce de la mort de John McCain- saluait notamment l'engagement militaire et politique du sénateur de l'Arizona, prisonnier de guerre au Vietnam. Selon plusieurs sources à la Maison Blanche sollicitées par le journal, il qualifiait l'ancien candidat à la présidentielle de 2008 de "héros".

Un hommage visiblement trop appuyé au goût du président américain. Au moment où le communiqué allait être envoyé, Donald Trump a dit à ses équipes qu'il allait plutôt publier un tweet à la place. Et celui-ci s'est révélé être pour le moins bref et laconique. "J'adresse mes plus sincères condoléances et mon respect à la famille du sénateur John McCain. Nos cœurs et nos prières sont avec vous!", a simplement écrit Donald Trump.

Parallèlement, tous les autres services de l'administration Trump, tels que la vice-présidence, le département d'Etat, le département de la défense, ou encore le bureau de presse, avaient tous publié leur propre communiqué pour saluer la mémoire de cette figure de la politique américaine.

Un mépris mutuel

Un ultime affront de la part du président américain à l'encontre de celui pour lequel il ne cachait pas son animosité. Et réciproquement. Chez les Républicains, dont il faisait partie, John McCain était en effet le plus farouche opposant à l'actuel locataire du Bureau ovale.

Entre la figure respectée de la politique américaine et l'ancien magnat de l'immobilier, le différend allait bien plus loin qu'un simple manque d'affinités personnelles. Leurs désaccords, notamment sur les valeurs, étaient fondamentaux, et ont été publiquement exposés par l'un ou l'autre à plusieurs reprises.

D'abord pendant la campagne de 2016, pendant laquelle John McCain avait notamment déclaré que l'homme d'affaires excitait "les tarés" avec son discours anti-immigrés. En retour, Donald Trump l'avait qualifié d'"idiot", puis l'avait attaqué sur sa carrière militaire: "Ce n'est pas un héros de guerre. C'est un héros de guerre juste parce qu'il a été capturé", avait-il lancé.

Guerre ouverte

Depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et pendant les derniers mois de sa vie, John McCain s'était saisi de tous les dossiers lui donnant l'occasion de défier le président américain. Président de la commission des Forces armées, il avait ainsi ouvert sa propre enquête parlementaire sur la Russie, furieux d'entendre les mots accommodants de son ennemi à l'égard de Vladimir Poutine.

En juillet 2017, il était l'un des trois sénateurs républicain à torpiller l'abrogation de la loi sur la santé de Barack Obama, l'Obamacare, provoquant la fureur de Donald Trump.

Jusqu'au bout, ce dernier lui a répondu par un profond mépris, complètement assumé. Ainsi, il y a quelques semaines, Donald Trump n'avait pas daigné prononcer son nom lors d'une cérémonie de promulgation d'une loi sur la défense, baptisée en l'honneur de John McCain. Et vendredi dernier, lorsque la famille McCain a annoncé l'arrêt des traitements médicaux contre son cancer, Donald Trump n'avait pas non plus jugé utile de réagir, contrairement à l'ensemble de la classe politique américaine.

Pas de Trump aux funérailles

Selon les médias américains, John McCain avait expressément demandé à ce que le président ne soit pas présent à ses funérailles, qui se dérouleront samedi 1er septembre à Washington. En revanche, le vice-président Mike Pence a été convié, et George W. Bush et Barack Obama y prononceront des éloges funèbres.

Ce week-end, le drapeau américain flottant au-dessus de la Maison Blanche avait été mis en berne après le décès de John McCain. Ce lundi matin, il flottait à nouveau en haut du mât, alors qu'il n'avait toujours pas été relevé au Capitole.

Adrienne Sigel