Qui est Michael Cohen, l'ex-fidèle qui fait trembler Donald Trump?

Michael Cohen à sa sortie du tribunal, à New York, le 21 août. - Yana Paskova - Getty- AFP
L'effet d'une bombe. Mardi, face à un tribunal new-yorkais, l'ancien avocat personnel de Donald Trump Michael Cohen a plaidé coupable d'infractions fiscales et de violation des règles de financement électoral, après quatre mois d'enquête du FBI.
Surtout, il a avoué avoir grassement versé de l'argent à deux maîtresses supposées de Donald Trump, l'actrice pornographique Stormy Daniels et l'ex-playmate Karen McDougal, en échange de leur silence. Pire encore, Michael Cohen a affirmé avoir agi ainsi à la demande du candidat républicain, dans le but d'éviter l'ébruitement d'informations "qui auraient porté préjudice" à Donald Trump pendant sa campagne.
Autrement dit, Michael Cohen a sous-entendu que l'actuel président américain aurait lui-même commis un délit, dans le but d'influencer le résultat de l'élection de 2016.
Fidèle parmi les fidèles
La démarche de Michael Cohen est d'autant plus spectaculaire qu'il est un ancien fidèle parmi les fidèles de l'actuel président, et gardien de bon nombre de ses secrets, puisqu'il a travaillé pendant plus de dix ans pour le magnat de l'immobilier new-yorkais qu'était Donald Trump dans sa précédente vie.
Une proximité qui lui a valu le surnom de "pitbull" de Donald Trump. Alors qu'il se rêvait en secrétaire général de la Maison Blanche, l'avocat s'était d'ailleurs dit un temps prêt "à prendre une balle" pour son puissant client et mentor. Avant de finalement décider de le lâcher face à ses ennuis judiciaires.
Lâché par Donald Trump depuis l'ouverture de l'enquête à son encontre, l'avocat se venge, et balance. En juillet était ainsi dévoilée une conversation entre Donald Trump et Michael Cohen, enregistrée deux mois avant l'élection par ce dernier, à l'insu du premier. Il y est question d’acheter le silence de Karen McDougal. Michael Cohen a également affirmé que Donald Trump avait approuvé une rencontre à la Trump Tower entre son fils et une avocate russe qui avait promis des "informations compromettantes"sur Hillary Clinton, pendant la campagne.
Puis il a finalement lâché ses aveux explosifs, ce 21 août, qui lui valent de faire la une du New York Times. "En plaidant coupable, Cohen incrimine le président", titre le journal ce mercredi.
Un avocat à la mauvaise réputation
Avant de connaître à partir de 2006 le luxe et les appartements cossus de la Trump Organization, Michael Cohen a officié dans les quartiers new-yorkais du Queens et de Brooklyn. A l'époque, ses prestations en tant qu'avocat n'avaient pas forcément bonne réputation.
Le juriste a suivi les cours de la faculté de droit Thomas Cooley, dans l'Etat du Michigan, qui a la réputation d'être la pire des Etats-Unis. Et le patron du premier cabinet qui l'a employé a été accusé d'escroquerie. De fait, la carrière de carrière de ce natif de Long Island, aujourd'hui âgé de 52 ans, a souvent flirté avec le para-légal, en usant notamment de tactiques d'intimidation, ou en déboursant de l'argent pour éviter un procès. Il a ainsi un jour défendu une femme impliquée dans une arnaque à l'assurance fondée sur un accident de la route inventé.
Selon une enquête du site ProPublica, "beaucoup de gens qui ont croisé la route de Cohen quand il travaillait dans le Queens ou à Brooklyn ont été sanctionnés, radiés du barreau, accusés ou condamnés".
Parallèlement à son activité d'avocat, Michael Cohen avait investi avec son épouse ukrainienne dans des licences de taxi new-yorkais.
Sec et tranchant
L'avocat était aussi connu pour son ton sec et tranchant, notamment lorsqu'il s'agissait de défendre son mentor. En 2015, Michael Cohen avait ainsi menacé de transformer en "enfer" la vie d'un reporter du Daily Beast, qui l'avait contacté à propos d'accusations formulées par l'ex-femme de Donald Trump, Ivana.
En août 2016, en pleine campagne présidentielle il avait sèchement coupé la parole d'une journaliste de CNN en plein direct, lorsque celle-ci avait évoqué des sondages défavorables à Donald Trump. "Qui dit ça?", avait-il lancé.