Le gouvernement américain cherche à identifier les visiteurs d'un site anti-Trump

Des manifestants anti-Trump en marge de la cérémonie d'investiture, le 20 janvier 2017, à Washington. - Jewel Samad - AFP
Mettre des noms sur de probables opposants. Telle semble être la volonté de l'administration Trump, qui a demandé à ce que soient identifiés des visiteurs du site internet anti-Trump disruptj20.org, sur lequel avaient été postés des appels à manifester en marge de la cérémonie d'investiture du 20 janvier dernier, rapporte le Guardian.
A la chasse aux adresses IP
Le quotidien britannique explique que la demande a émané du ministère de la Justice, qui a présenté un mandat le 17 juillet dernier à DreamHost, l'entreprise hébergeant ce fameux site web, lui demandant de lui communiquer toutes les informations en sa possession sur ses visiteurs. Objectif: obtenir les adresses IP des 1,3 million d'internautes ayant consulté ce site, c'est-à-dire le numéro d'identification de l'appareil utilisé pour se connecter, mais aussi les dates et horaires de ces connexions.
A partir de ces adresses IP, le gouvernement pourrait ainsi obtenir l'identité de ces centaines de milliers d'internautes s'étant rendus sur le site.
Requête "alarmante"
La requête a choqué les responsables de DreamHost, qui dénoncent une situation "alarmante". "Ces informations peuvent être utilisées pour identifier toute personne qui est allée sur ce site pour exercer et exprimer sa liberté d’expression politique, protégée par la Constitution", rappelle ainsi l'entreprise dans un message posté lundi sur son propre site web, intitulé "Nous nous battons pour les utilisateurs", et dans lequel DreamHost rend publique l'existence de ce mandat.
"Il s'agit, selon nous, d'un exemple fort d'enquête abusive, mais aussi d'abus d'autorité gouvernementale", ajoute DreamHost, tout en dénonçant un ministère de la Justice "hautement politisé". "Tout le monde peut être visé simplement pour avoir visité un site web", écrit encore la société.
"Nous sommes les gardiens des dizaines de milliers de gens qui ont visité le site, face au gouvernement. Nous voulons qu'ils restent protégés", fait valoir de son côté Chris Ghazarian, l'avocat général de DreamHost. Pour l'heure, le Département de la Justice n'a pas commenté l'information.
Un premier cas au début de l'année
Le Guardian souligne que ce n'est pas la première fois que le gouvernement Trump tente de démasquer les identités d'internautes opposés au président américain. En mars dernier, soit moins de deux mois après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, une division du ministère de la Sécurité intérieure avait demandé à Twitter de lui livrer le numéro de téléphone, les adresses IP et les adresses mail associés au compte @ALT_USCIS. Ce compte aux près de 200.000 abonnés s'oppose aux idées de Donald Trump en matière d'immigration, et s'emploie à publier des chiffres et des informations démontant les propos du président américain sur le sujet.
Twitter avait alors immédiatement réagi en attaquant en justice l'administration Trump, afin de protéger l'identité de son utilisateur.
Les manifestants anti-Trump du 20 janvier sont tout particulièrement dans le viseur du gouvernement américain. En avril, 217 d'entre eux avaient été inculpés pour participation à des "émeutes".