"J’ai mis du rouge à lèvres à un cochon": le nègre littéraire de Trump exprime ses remords

Donald Trump, le 6 mai 2016. - Rob Kerr / AFP
Près de 30 ans après la parution de L’art de la négociation, Tony Schwartz, le nègre littéraire de Donald Trump, candidat républicain à la présidentielle américaine, exprime ses "profonds remords". Grand succès littéraire, à mi-chemin entre biographie et manuel à l’usage des businessmen débutants, L’art de la négociation est considéré comme la profession de foi de Trump.
S’il le pensait inoffensif à l’époque, Tony Schwartz s’inquiète aujourd’hui du chemin parcouru par Donald Trump, en partie grâce à l’ouvrage qu’il lui a permis de publier. "J’ai mis du rouge à lèvres à un cochon," explique-t-il dans une interview au New Yorker. "J’ai de profonds remords car j’ai contribué à présenter Trump d’une manière qui l’a rendu plus attractif qu’il ne l’est vraiment."
"Une réelle chance que cela mène à la fin de la civilisation"
Sorti en 1987, L’art de la négociation est omniprésent dans la campagne présidentielle de Donald Trump, même si celui-ci "n'en a pas écrit une ligne" d'après l'éditeur. Le magnat new-yorkais n’hésite ainsi pas à citer très régulièrement des passages de son livre dans ses meetings: "Nous avons besoin d’un leader qui a écrit L’art de la négociation", clamait-il en juin dernier lors de son discours de victoire à la primaire républicaine.
Pendant près de 30 ans, Tony Schwartz n’a pas dit un mot sur ce qu’il pensait de Donald Trump. Et pour cause: en tant que co-auteur de l’ouvrage, l’écrivain touche encore 50% des revenus des ventes de L’art de la négociation. Mais aujourd’hui, il est terrifié par l’idée de voir l’homme d’affaires accéder à la Maison-Blanche: "Je pense sincèrement que si Trump gagne et se voit confier les codes de l’arme nucléaire, il existe une réelle chance que cela mène à la fin de la civilisation humaine."
"Je porterai ce fardeau jusqu’à la fin de ma vie"
L’auteur, qui a passé plus de 18 mois avec Donald Trump lors de l’écriture du livre, décrit un homme "sans aucune capacité d’attention, comme un élève de maternelle qui ne peut pas rester assis en classe. Il est incapable de se concentrer sur un sujet plus de deux minutes, à l’exception notable de ce qui touche à sa propre image. S’il devait un jour être briefé sur une situation dans la salle de crise de la Maison-Blanche, il est impossible de l’imaginer réussir à se concentrer pendant une longue période."
Aujourd’hui, Tony Schwartz ne veut plus toucher de royalties des ventes de L’art de la négociation. Ses revenus sont désormais reversés à des associations caritatives défendant les droits des populations immigrées, les droits de l’homme et les victimes de la torture. Mais il a bien conscience que cela ne l’absout pas de ses responsabilités: "Je porterai ce fardeau jusqu’à la fin de ma vie."
Et s’il devait réécrire l’ouvrage aujourd’hui, Tony Schwartz a une idée précise du titre qu’il lui donnerait: Le Sociopathe