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Amérique du Nord

Hillary Clinton tirée d'affaire?

Hillary Clinton, durant son dernier jour de campagne en Californie, le 6 juin 2016.

Hillary Clinton, durant son dernier jour de campagne en Californie, le 6 juin 2016. - Frederic J. Brown - AFP

Le FBI a recommandé mardi de ne pas poursuivre Hillary Clinton pour l'utilisation de courriels sur un serveur privé. Un soulagement pour la candidate démocrate, au moment où elle recevait l'appui de Barack Obama.

Tirée d'affaire Hillary Clinton? Juridiquement oui. Politiquement c'est une autre histoire. Etrange réquisitoire mardi du directeur du FBI qui a expliqué longuement en quoi Hillary Clinton s'était montrée "extrêmement imprudente" dans la façon dont elle a géré des messages contenant "des informations secrètes hautement sensibles". Le FBI dit avoir trouvé dans le serveur privé de l'ancienne secrétaire d'Etat les traces de 110 emails "classifiés" alors qu'elle avait affirmé la main sur le coeur qu'il n'y en avait aucun.

Au bout du réquisitoire pourtant: la relaxe. Le directeur du FBI ne recommande pas des poursuites contre la candidate. Parce qu'il n'a "pas trouvé de preuve" qu'Hillary Clinton ait "intentionnellement violé les lois concernant la gestion des informations classifiées". Au passage, coup de chapeau au directeur du FBI, James Comey, un républicain qui a servi indifféremment des administrations démocrates et républicaines et qui prononce, dans un contexte politique particulièrement lourd, un habile jugement de Salomon.

La rencontre de Bill Clinton avec la ministre de la Justice

Hillary Clinton peut être soulagée que ses ennuis judiciaires s'arrêtent là. Mais elle n'a pas de quoi pavoiser, son image en prend encore un coup. Elle est certes toujours en tête (de peu) dans les sondages face à Donald Trump, mais elle est 20 points derrière lorsqu'on demande aux électeurs en qui ils ont confiance. Pourquoi avoir tergiversé aussi longtemps sur cette histoire de serveur privé? Sur la présence ou non de messages classifiés?

Que dire de cette rencontre "par hasard" la semaine dernière entre son mari Bill Clinton et la ministre de la Justice (en charge du FBI) sur l'aéroport de Phoenix? Qui pourra croire qu'en trente minutes d'un entretien informel ils n'ont parlé "que de golf et de leurs enfants et petits enfants"? Les Clinton ont une mentalité d'assiégés qui les incite à ne jamais répondre directement aux questions qui leur sont posées. C'est cette mentalité qui avait poussé Hillary Clinton à s'équiper d'un serveur privé. Et qui alimente ce soupçon de duplicité qui leur colle à la peau.

La formule "crooked Hillary" (crooked pour malhonnête, véreuse, tordue...) martelée par Donald Trump va finir par avoir une certaine résonance. Hillary Clinton a de la chance d'avoir en face d'elle un candidat au moins aussi malhonnête, véreux, tordu... qu'elle. Face à un candidat républicain plus solide moralement, ce réquisitoire du FBI lui aurait été fatal.

Jean-Bernard Cadier à New York